Le Museo Nacional de Bellas Artes à Buenos Aires propose actuellement une exposition du peintre argentin le mieux côté sur le marché, mais très peu d'oeuvres sont à vendre : Antonio Berni, né à Rosario en 1905 et mort à Buenos Aires en 1981.
Il est venu se former en Europe avec une bourse de sa ville natale qui lui a permis de vivre cinq ans à Paris de 1925 à 1930 en rayonnant dans les pays proches, comme l'Espagne, l'Italie, la Belgique et les Pays-Bas. En France, il s'est marié avec une artiste française et leur fille est née à Paris. A son retour en Argentine, il a vécu à Rosario, ville alors mise en coupe réglée par la mafia du ganster sicilien Giovanni Galiffi, dit Chicho Grande (1), qui ne fut arrêté qu'en 1932 et expulsé vers son pays natal où il devint un ami du Duce. C'était aussi le début de la Década Infame, cette série de gouvernements anticonstitutionnels qui détruisit l'oeuvre politique et sociale des deux présidents radicaux successifs (entre 1916 et 1930). Autant dire que Berni fut aux premières loges pour observer la dégradation de la situation en Argentine et y affina sa sensibilité politique que l'on retrouve dans son oeuvre, qui, comme le tango, est un cri de révolte devant et contre la triste réalité sociale du pays...
L'exposition est conçue comme un parcours artistique à travers les 50 ans de la production tous azimuts de ce peintre qui travailla à peu près toutes les techniques existantes.
Parmi ses tableaux les plus connus, la série des Juancito Laguna, personnage d'enfant du bidonville à travers lequel Antonio Berni a raconté l'Argentine populaire, la dureté de la vie et aussi les rêves de tout un chacun (ci-contre : Juancito Laguna joue au cerf-volant). La série des Juancito Laguna a inspiré une série de tangos, commandés par les éditions Lagos à l'ensemble des compositeurs qu'ils avaient sous contrat : parmi eux, Astor Piazzolla qui hérita avec Horacio Ferrer en 1969 du tableau Juancito Laguna ayuda a su madre (Juancito Laguna aide sa mère) qui est donc aussi le titre d'un tango des deux compères...
Pour aller plus loin :
Lire l'entrefilet de La Nación d'aujourd'hui qui annonce l'exposition
Lire l'article sur Antonio Berni sur Imageandart (en espagnol).
Ajout du 11 juillet : lire l'article de Clarin du 11 juillet 2010
Ajout du 13 juillet : lire l'article de La Nacion du 13 juillet 2010
Ajout du 19 juillet : lire l'article de la revue Ñ, groupe Clarín, du 17 juillet 2010
(1) dont il est question dans le tango Cambalache, de Enrique Santos Discépolo, que j'ai inclus dans mon anthologie bilingue, Barrio de Tango, parue le 3 mai aux éditions du Jasmin (p. 144)
Ajout du 11 juillet : lire l'article de Clarin du 11 juillet 2010
Ajout du 13 juillet : lire l'article de La Nacion du 13 juillet 2010
Ajout du 19 juillet : lire l'article de la revue Ñ, groupe Clarín, du 17 juillet 2010
(1) dont il est question dans le tango Cambalache, de Enrique Santos Discépolo, que j'ai inclus dans mon anthologie bilingue, Barrio de Tango, parue le 3 mai aux éditions du Jasmin (p. 144)