mardi 27 juillet 2010

Hommage à Tita Merello au Maipo Kabaret [à l’affiche]

Affiche du Maipo Kabaret

Ce matin, les pages Cultura et Espectaculos de Página/12 sont particulièrement chargées côté tango (voir mon autre article de ce jour sur le disque du violoniste Fernando Pereyra, Sin lagrimas). On y trouve la critique d’un one-woman show qui se veut un hommage à la chanteuse et comédienne argentine Tita Merello (1), qui occupait Jean-Louis Mingalon à la fin du mois de juin dans sa chronique sur France Musique (voir mon article du 20 juin 2010).

C’est une artiste elle-même chanteuse et comédienne, Virginia Innocenti, qui a conçu et qui joue ce spectacle qui est l’aboutissement de plusieurs tentatives qu’elles a menées pour qu’un hommage soit rendu à cette grande dame de la culture populaire portègne, dont seul un cinéma, aujourd’hui fermé, perpétue le souvenir dans les rues de Buenos Aires (voir mon article du 20 juillet 2010 sur le sort de cette salle d’art et d’essai). Un spectacle qui se donne depuis le 18 juillet dans la petite salle du Teatro Maipo, le Maipo Kabaret, un grand théâtre historique de la ville de Buenos Aires, rue Esmeralda 443. Sur la photo qui illustre l’article de Página/12, vous pouvez voir à droite la vraie Tita Merello, dans une de ses plus célèbres photos, et à gauche l’interprète, qui s’est fait à merveille son look et son regard.

Un spectacle dont la direction musicale est assurée par Diego Vila et la direction générale par Luciano Suardi sous le titre de Dijeron de mí (Ce qu’on a dit de moi), qui reprend le titre d’un tango qui fit la gloire de Tita Merello, Se dice de mí (Ce qu’on dit de moi), qu’elle chantait avec sa voix grave et son timbre plein de gouaille faubourienne.

Le spectacle montre une narratrice qui raconte de multiples anecdotes sur la chanteuse, pour évoquer sa personnalité, sa carrière et sa vie, et qui chante 17 morceaux que Merello a immortalisés en les enregistrant. Comme beaucoup d’artistes péronistes, Tita Merello est née dans la pauvreté, elle a commencé sa carrière comme Edith Piaf, en cachetonnant pour éviter de mourir de faim, elle a connu la consécration dans ce même théâtre Maipo qui accueille l’hommage actuellement et s’est vu proscrite, comme d’autres (2), à l’arrivée de la Revolución Libertadora en 1955 (3).

Le spectacle se donne du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 20h.
Prix des places : 120 $ la place autour d’une table (ces places se vendent par table de 4), 120 $ assis au bar, 90 $ assis dans la salle. (Les prix s’entendent hors consommation et ils sont exprimés en peso argentin, naturellement, et non en dollar, malgré l’identité des symboles).

Virginia Innocenti est donc à cette occasion interviewée dans Página/12 aujourd’hui et dans Clarín il ya quelques jours sur les motivations qui l’ont portée à rendre cet hommage à son illustre prédécesseuse, qu’elle veut évoquer sans l’imiter, et sur les aspects de sa vie et de sa carrière qui l’ont inspirée pour ce spectacle, dont elle ne voulait pas faire une comédie musicale parce que dans ce genre, elle "ne trouve que trop peu de substance dramatique", avoue-t-elle à la journaliste de Página/12 qui l’interroge.



Pour en savoir plus :
Lire l’interview donnée à Página/12 par Virginia Innocenti et publiée aujourd’hui
Lire l'article de La Nacion du 18 juillet 2010
Lire l’interview donnée à Clarín par Virginia Innocenti et publiée le 23 juillet 2010
Ajout du 28 juillet 2010 : lire aussi, dans ce même quotidien, la critique du 28 juillet 2010.

(1) Elle fut aussi auteur et compositeur et à ce titre figure dans le recueil de 231 letras que j'ai fait paraître en mai dernier aux Editions du Jasmin (Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins) : Decíme Dios ¿dónde estás?, p 266.
(2) parmi ces autres, il faut citer Nelly Omar, qui était il y a quelques jours au programme du festival de La Falda (voir mon article du 12 juillet 2010), et Hugo del Carrill, lui aussi chanteur, compositeur, letrista, acteur de cinéma et même réalisateur, qui est aussi l’auteur de la Marcha Peronista, l’hymne du mouvement péroniste, qui a eu hier l’une de ses grandes manifestations publiques avec la commémoration des 58 ans de la mort d’Evita.
(3) Sur ce que fut la Revolución Libertadora, voir mon article de ce jour sur le souvenir d’Evita, morte le 26 juillet 1952, et le Vademecum historique (sur l’histoire de l’Argentine et de l’Uruguay), dont vous trouverez le lien dans la rubrique Petites chronologies, dans la partie médiane de la Colonne de droite de ce blog.