Altertango est un groupe qui s’est formé dans la ville de Mendoza (la capitale d’une province viticole argentine) et comme beaucoup de groupes de la jeune génération qui ont surgi dans le monde tanguero à partir des années 90, après le retour à la démocratie (décembre 1983), il conjugue dans sa musique le rock (né à la fin des années 1960) et le tango (né vers 1880).
Leur quatrième disque s’intitule Melodramas et présente, à la manière musicale du tango, des morceaux de grands du rock argentin, comme Luis Alberto Spinetta et Fito Paéz, des standards du tango, signés Discépolo et Troilo, et des œuvres originales composées par les membres du quintette. Ce nouvel album leur vaut d’être interviewés par Cristián Vitale dans le supplément culturel de Página/12.
Ce disque a fait déjà l’objet d’une présentation, le 26 mai 2010, au Centro Cultural Torcuato Tasso, à San Telmo, où Altertango avait invité les chanteurs de tango que sont Alejandro Guyot et Alfredo Piro.
Dans son article, Cristián Vitale leur demande où ils situent la frontière entre le fondamentalisme (l’un des plus importants pièges qui guettent autant les innovateurs comme eux que la critique qui leur tombe dessus) et le respect de la tradition des genres. Une question qui a aussi, sous une forme ou une autre, été posée à La Biyuya, à Guitarra Negra, à Buenos Aires Negro, à Violentango, bref à tous les groupes qui cherchent ce dialogue difficile entre rock et tango dans le sein de la musique populaire citadine d’aujourd’hui, à Buenos Aires et dans d’autres grandes villes du pays (Rosario, Córdoba, Mendoza, La Plata…)
Je vous rapporte ici la dernière partie de l’interview :
–¿Cuál es el punto en el que se encuentran, según ustedes, el tango y el rock, más allá de ser parte del acervo popular en general?
–Hay canciones de nuestro rock que tienen mucho tango y músicos maravillosos como el Polaco Goyeneche y Rubén Juárez que supieron con su actitud tender un puente con las nuevas generaciones. Ambas son músicas urbanas, pero el tango es tango y el rock es rock, y el imaginario del tango es distinto al del rock... Son resultado de momentos históricos diferentes. Más bien, lo que siento es que hay un punto en el que me encuentro con ambos, porque el tango me encanta y me emociona particularmente, pero pertenezco a una generación que creció escuchando rock. Por eso nuestra generación siente la libertad suficiente para asumir ambas herencias de manera legítima. Es algo que ya no se puede discutir.
- Quel est le point de rencontre, selon vous [au pluriel], entre le tango et le rock, au-delà du fait qu’ils font partie intégrante du patrimoine populaire en général ?
- Il y a des chansons, dans notre rock, qui ont en elles beaucoup de tango et des musiciens merveilleux comme le Polaco Goyeneche et Rubén Juárez (1) qui ont su, par leur attitude, tendre des ponts vers les nouvelles générations. Les deux [rock et tango] sont des musiques de la ville, mais le tango, c’est le tango et le rock c’est le rock, et l’imaginaire du tango est différent de celui du rock… Ils résultent de moments historiques différents. Et pourtant, ce que je pense, c’est qu’il y a un pont où je les rencontre tous les deux, parce que le tango m’enchante et m’émeut particulièrement mais j’appartiens à une génération qui a grandi en écoutant du rock. C’est pour cela que notre génération ressent assez de liberté pour assumer les deux héritages en toute légitimité. C’est quelque chose qui ne se discute plus.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 (2)
(1) Roberto Goyeneche, dit El Polaco, 1926-1994, était chanteur. Il est considéré comme le plus grand après Gardel. Rubén Juárez, qui vient de nous quitter, le 31 mai 2010, était compositeur, bandonéoniste et chanteur et pour tout cela, il était très admiré par un large public. Pour en savoir plus sur ces deux artistes qui font référence, cliquez sur leur nom dans la rubrique Vecinos del Barrio. El Polaco se trouve dans la section Toujours là, Rubén Juárez, même s’il est décédé, est toujours dans la section Auteurs-compositeurs.
(2) Profitez-en pour aller regarder les commentaires écrits ou dessinés sur la défaite terrible de l’Argentine contre l’Allemagne samedi dernier en Afrique du Sud. Comme je l’annonçais dans la Gazette de Barrio de Tango, que j’ai envoyée dimanche aux abonnés, le duo Rudy et Daniel Paz et le dessinateur Miguel Rep y sont allés de leur plume hier et encore ce matin.