Clarín publie aujourd’hui un article sur la sortie des nouveaux disques de deux excellents tangueros : Horacio Molina qui publie un disque sobrement intitulé Alfredo Le Pera et Caracol qui sort, quant à lui, un album sur Homero Manzi. Alfredo Le Pera (1900-1935) et Homero Manzi (1907-1951) sont deux des plus grands poètes de tango. Le premier a essentiellement travaillé avec et pour Carlos Gardel et j’ai eu l’occasion d’en parler à différentes reprises mais particulièrement en juin dernier, lorsque l’Argentine a commémoré les 75 ans de leur mort conjointe et tragique à Medellín en Colombie (lire mon article sur l’hommage à Le Pera le 24 juin dernier). Le second est l’auteur du chef d’œuvre qu’est Barrio de Tango et l’un des plus prolifiques letristas de tango, malgré une existence très courte pour lui aussi (à peine 44 ans).
Pour l’heure, je n’ai bien évidemment écouté ni l’un ni l’autre de ces deux disques, que je me ferai un bonheur de découvrir prochainement au cours de mon séjour annuel à Buenos Aires pendant le festival mais j’ai tendance à croire Clarín lorsqu’il dit qu’il s’agit de deux disques aux interprétations très personnelles et à la touche originale. Les deux chanteurs sont connus pour sortir des rails conventionnels et conformistes du tango de papa.
Le contenu des deux albums est des plus appétissant :
Côté Horacio Molina - Le Pera : le disque, sorti le 22 juin chez DBN, est riche de 17 morceaux, dont trois bonus qui ont été enregistrés dans les années 80. La perle des bonus est sans doute ce Cuando tú no estás en duo avec Mercedes Sosa, décédée il y a une huitaine de mois maintenant (voir mes articles sur Mercedes Sosa). Autre chanteur invité dans cet album, le Brésilien Dorival Caymmi qui accompagne Horacio à la guitare dans Arrabal Amargo, le premier titre du CD, et chante avec lui El día que me quieras. Les autres morceaux sont chanté a la criolla (avec un accompagnement de guitares) ou avec orchestre mais dans ce cas, sans bandonéon, ce qui participe à l’originalité du style délibérément tenu en dehors des sentiers battus.
Parmi les titres interprétés sur ce disque (d’ores et déjà en vente sur la boutique en ligne de Zivals, Tangostore, à retrouver dans la rubrique Les commerçants del Barrio, dans la partie basse de la Colonne de droite de ce blog), il y en a sept qui font partie de mon livre (1) : El día que me quieras, Melodía de Arrabal, Sus ojos se cerraron, Amores de estudiante, Soledad (qu’Horacio Molina chante a capella, s’il vous plaît), Cuesta abajo et Volver.
Les autres titres sont : Mañanita de sol, Amargura, Volvio una noche, Lejana tierra mía, Recuerdo malevo, Criollita de mis amores, Sol tropical et Golondrinas.
Il est possible d’écouter des extraits de chaque morceau (les 45 premières secondes) sur le site de Zivals.
Côté Caracol - Homero Manzi : le disque, intitulé Manzi x Caracol (que je n’ai pas vu sur le site Internet de Zivals, mais qui ne saurait tarder à s’y trouver) propose 9 titres et suscite l’enthousiasme du journaliste de Clarín. Grâce au site de l’artiste, je peux vous donner la liste complète des 9 morceaux qui le composent : Barrio de Tango*, Malena*, Fuimos*, Milonga triste, Tal vez será su voz*, Che bandoneón*, Fruta amarga, Gota de lluvia* et El último organito* (2). L’ensemble du disque est dirigé et arrangé par le compositeur Fernando Tato Finocchi (3). Tout cela semble bel et bon. Et en attendant que Zivals se réveille, vous pouvez toujours aller jeter un œil sur le site du chanteur.
Pour en savoir plus :
Lire l’article de Clarín
Lire l’article de La Nación du 24 juin (4) sur la sortie du disque de Horacio Molina (vous y trouverez en prime les annonces de deux spectacles que je n’ai pas reprises faute de temps dans Barrio de Tango en ce 75ème anniversaire de la mort de Carlos Gardel et de Alfredo Le Pera : un récital de Esteban Riera et Cardenal Domínguez avec le groupe d’électro-tango Otros Aires au Museo Casa Carlos Gardel et un concert de la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires au Teatro Alvear pour rendre hommage là encore au Troesma tragiquement disparu).
Consulter la page de DBN sur le disque de Horacio Molina
Visiter le site de Caracol
Visiter le site de Horacio Molina
Visiter la page Myspace de Horacio Molina (qui n’est pas encore à jour de la sortie du nouveau disque)
Dans la Colonne de droite, vous trouverez des raccourcis correspondant à mes articles sur les deux chanteurs et sur les deux poètes, dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la partie haute de la Colonne. Vous pouvez aussi accéder à l’ensemble des articles en cliquant sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, vous trouverez un lien permanent avec le site de Horacio Molina. Je n’ai pas encore ajouté le lien au site de Caracol, mais ça viendra bien un jour…
(1) Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, éditions du Jasmin, mai 2010.
(2) Les titres accompagnés d’une astérisque font partie du corpus de letras présentées dans le texte original et que j’ai traduites en français dans mon livre.
(3) Fernando Tato Finocchi sera présent dans la seconde anthologie, à laquelle je mets à présent la dernière main, et qui présentera en version bilingue là-encore 10 poètes actuels de musique urbaine. Tato Finocchi est le compositeur de deux tangos écrits par Raimundo Rosales, qui compte au nombre de ces 10 poètes, avec Héctor Negro, Alejandro Szwarcman, Alorsa, Luis Alposta, Horacio Ferrer, Litto Nebbia, La Biyuya, Verónica Bellini, Lucrecia Merico… A paraître en décembre aux Editions Tarabuste, Rue du Fort 36170 Saint-Benoît-du-Sault (France), dans la revue Triages.
(4) L’article comporte quelques phrases extraites d’une interview dont voici la version bilingue :
"Desde niño incorporé esas canciones a mi vida como el arroz con leche y las calles de mi barrio. Forma parte de mi estructura musical",
Horacio Molina dans La Nación
Depuis l’enfance, j’ai intégré ces chansons-là dans ma vie comme le riz au lait et les rue de mon quartier. Cela fait partie de ma structure musicale.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
"Cuando comencé a escuchar a Gardel no hacía una análisis intelectual de las letras de Le Pera, pero con el tiempo me di cuenta del valor poético y las imágenes que utilizó. Y siento que quedó un poquito relegado en la historia a pesar de haber compuesto cuarenta canciones, que se conocen en el mundo entero".
Horacio Molina dans La Nación
Quand j’ai commencé à écouter Gardel, je ne faisais pas une analyse intellectuelle des textes de Le Pera mais avec le temps, je me suis rendu compte de la valeur poétique et des images qu’il a employées. Et je regrette qu’il soit resté un peu relégué dans l’histoire alors qu’il a composé quarante chansons qui sont connues dans le monde entier.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
"Hace tiempo tenía ganas de meterme con semejante obra, sabiendo que fue interpretada por un monstruo como Gardel. No me hice el raro y respeté el clima de las canciones, pero esta mi mirada […]. Me extraña que sea el primero en hacer una cosa así. Lo ninguneaban porque decían que hacía cosas a pedido. Mozart tambien escribía a pedido y todos los grandes escribieron a pedido. Había que escribir en cuatro días esas frases de antología. Sus letras son magistrales".
Horacio Molina dans La Nación
Cela fait un bon moment que j’avais envie de me coltiner à une œuvre pareille, vu qu’elle a été interprétée par une pointure comme Gardel. Je n’ai pas joué l’originalité pour l’originalité et j’ai respecté l’ambiance des chansons mais c’est bien mon regard dessus. Cela me surprend que je sois le premier à faire une chose de ce genre. On faisait peu de cas de lui parce qu’on disait qu’il avait travaillé sur commande. Mozart aussi écrivait sur commande et tous les grands ont écrit sur commande. Ces phrases d’anthologie, en quatre jours, il fallait tout de même les écrire ! Ses textes sont magistraux.
(Traduction Denise Anne Clavilier)