vendredi 16 juillet 2010

Interview de Chino Laborde et Dipi Kvitko dans Clarín [Actu]

A l’occasion de leur retour sur scène à Buenos Aires ce soir au CAFF (voir mon article d’hier), Clarín publie une interview du duo composé du chanteur et du guitariste. Sur son site, l’article est accompagné d’une illustration audio, leur interprétation du tango Zorro gris (1), présenté par Marcelo Guaita, l’un des animateurs vedettes de la 2 x4, la radio 100% tango de Buenos Aires.

Extraits (larges) :

Algo más de una década después de su primer encuentro, el dúo va por el tercer volumen de Tango Tango, y la idea de una trilogía quedó archivada.
Clarín

Un peu plus de dix ans après leur première rencontre, le duo est en route vers le 3ème volume de Tango Tango et l’idée d’une trilogie fait maintenant partie des choses acquises.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

"Puede ser que la primera intención haya sido ésa. Pero ahora creo que el dúo tiene que durar para siempre", exagera Laborde. "A lo sumo -agrega Kvitko-, puede marcar un cambio. Hasta ahora, hicimos clásicos. Para el próximo, pensamos en hacer cosas nuevas, aunque es todo un desafío".
Clarín

Il se peut que la première intention ait été celle-là. Mais maintenant je crois que le duo doit durer toujours, exagère Laborde. En tout cas, ajoute Kvitko, il peut marquer un changement. Jusqu’à présent, nous avons joué des classiques. Dans le prochain [spectacle ou disque], nous songeons à faire des choses nouvelles, bien que ce soit tout un défi.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

¿Por qué? Laborde: Porque es muy jodido superar lo que se hizo en el Siglo XX, que, vaya uno a saber gracias a qué Dios, nos da a nosotros la posibilidad de jugar con titulazos. El tema con el tango nuevo es complejo.
Por eso, lo que venimos haciendo hasta acá lo hacemos traídos por el respeto por lo que se hizo, porque sabemos que así está bien hecho. Es tango-tango.
Clarín

Pourquoi ? Laborde : Parce que c’est marrant d’aller au-delà de ce qui s’est fait au 20ème siècle, que, va savoir grâce à quel Dieu, ça nous donne à nous la possibilité de jouer avec des grands titres. Aborder le tango nuevo (2) c’est complexe.
Pour cette raison, ce que nous avons joué jusqu’ici, nous l’avons joué portés par le respect de ce qui s’est fait [avant nous], parce que nous savons que comme ça c’est bien joué. C’est du tango-tango.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

¿Eso significa que conviene no intentar nada nuevo? Kvitko: Lo primero que tenemos que hacer -y estamos haciendo- es aprender a tocar tango. El techo del género es altísimo. Incluso el piso lo es. Y darle nuestra visión a esa enorme cantidad de música y poesía que ya hay, es una tarea por hacer, inacabable. No tiene sentido componer por componer.
Laborde: O escribir un tango hoy, y al año estar en otra. Lo que hay de tango es tan grosso que, a pesar de los años, no pasa de moda.
Clarín

Ce qui veut dire qu’il convient de ne rien essayer de nouveau ? Kvitko : la première chose qu’il faut faire et c’est ce que nous faisons, c’est d’apprendre à jouer du tango. Le plafond du genre est très haut. Et même le plancher l’est aussi. Et donner notre propre vision de cette énorme quantité de musique et de poésie qui existe déjà, c’est une tâche à faire, interminable. Ça n’a pas de sens de composer pour composer.
Laborde : Ou écrire un tango aujourd’hui et dans la même année passer à autre chose. Ce qui existe dans le tango est tellement formidable que, malgré les années qui passent, le tango ne passe pas de mode.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Après quelques piques des deux artistes contre le tango for export et le tango commercial de certaines maisons de disques, le journaliste reprend :
Pero hay casos como Bajo Fondo... Kvitko: Pero es música electrónica. Laborde: Me encanta que exista. Kvitko: Pero si te venden chocolate y te dicen que es café, es una distorsión de la realidad.
Clarín

Mais il ya des cas comme Bajo Fondo... Kvitko : Mais c’est de la musique électronique. Laborde : je suis enchanté que ça existe. Kvitko : mais si on te vend du chocolat en te disant que c’est du café, c’est une distortion de la réalité.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

En el caso del dúo, ¿eso no pasa? Kvitko: En nuestro caso hay humor, cierta jocosidad. Pero cuando empieza el tango, es como cuando entra la bandera de ceremonias.
Clarín

Dans le cas de votre duo, ça n’arrive pas ? Kvitko : dans notre cas, il y a de l’humour, un certain amusement. Mais quand le tango commence, c’est comme pour la levée des couleurs des grandes occasions. (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :

(1) Zorro gris fait partie des 231 letras (textes) de tango, vals, milonga et candombe que je présente en version bilingue dans Barrio de Tango, mon livre paru le 3 mai 2010 aux Editions du Jasmin (p 118). Sur le livre et son contenu, voir l’article que j’ai écrit à ce sujet le 8 mars 2010.
(2) Ce que les Argentins et en particulier les artistes de tango à Buenos Aires appellent le tango nuevo n’a rien à voir avec la danse que les Européens connaissent sous ce nom, qui est un tango argentin dans lequel les Européens ont intégré les déhanchés de la salsa. Le tango nuevo dont il est question ici, c’est la musique de tango qui se compose essentiellement à Buenos Aires depuis le début des années 90 et qui intègre une part de la tradition musicale venue du rock.
(3) En Argentine, les cérémonies de lever des couleurs sont très fréquentes et interviennent dans de très nombreuses circonstances. Il suffit d’ailleurs de se promener pour constater le nombre de fois où les couleurs nationales et le drapeau sont arborés sur les façades, sur les instruments de musique, sur les monuments, dans les vitrines, sur les tenues vestimentaires… Le culte du drapeau est très important.