José María (Pepe) Kokubu, qui vient de donner, le vendredi 9 juillet à 18h, une conférence sur l'histoire de la musique occidentale de Mozart à Carlos Gardel, à la Médiathèque José Cabanis à Toulouse, dans le cadre du festival Tangopostale, est interviewé ce soir, mercredi 14 juillet 2010, à 19h03, dans Le Rendez-vous, l'émission de Laurent Goumarre, du lundi au vendredi, entre 19h et 20h, au sein de la première partie, intitulée le Journal de la Culture, sur France Culture, radio publique française.
Ce sera sans doute une interview de quelques minutes seulement, étant donné le format de l'émission mais c'est tout de même un événement : le tango sur les ondes d'une radio publique française avec la voix d'un membre de la Academia Nacional del Tango (on n'entend pas ça tous les jours).
Un grand bravo à Tangopostale pour cette belle réussite.
Un grand bravo à Tangopostale pour cette belle réussite.
Il y a de nombreux mois, je vous avais déjà parlé, en français, de ce thème développé par Pepe Kokubu à travers une émission qu'il avait faite, en anglais, sur une antenne des Etats-Unis (voir mon article du 14 juin 2009).
Comme pour presque toutes les émissions de Radio France, il sera possible de télécharger de numéro du Rendez-vous pendant 24 heures sous forme de podcast automatique (via iTunes ou autre programme de podcast) puis de la consulter en l'écoutant en ligne pendant environ un mois sur le site de France Culture.
Ajout du 15 juillet 2010 : en fait, Le Rendez-vous avait un agenda, semble-t-il, trop chargé hier pour respecter la promesse faite aux organisateurs du festival. L'émission d'hier, 14 juillet, ne comporte en fait aucune information relative à Tangopostale. Tout est sur le festival d'Avignon, avec plusieurs interventions en direct et en public (fort intéressantes au demeurant). Mais nulle trace du tango dans tout ça...
Ajout du 16 juillet 2010 : C’était finalement hier, en "sujet du jour" dans le Journal de la Culture en première partie de l’émission.
L’intervention de Pepe Kokubu dure une seule petite minute en tout début d’émission (cinq minutes après le début). Une minute ne peut bien sûr pas rendre compte du travail très poussé de recherche dont témoigne la conférence et que met beaucoup mieux en lumière l’interview - donnée en anglais hélas pour les Francophones - dont je vous parlais sur ce blog - dans un article en français - en juin 2009 (voir lien plus haut).
Mais il y a pire que la brièveté de l’interview dans cette émission de France Culture.
Quelques minutes après et hors de propos, l’intervention de Pepe Kokubu est contestée, sur un ton plein de morgue et de condescendance, par un invité du tour de table du Rendez-vous qui sert aux auditeurs, comme s’il s’agissait d’une vérité révélée, une version étriquée de la genèse du tango, version qui n’est pourtant pas incompatible avec la thèse, beaucoup plus complète, développée par Pepe Kokubu, pour peu qu’on prenne la peine de l’écouter (pour ce commentateur, le tango serait une danse noire inventée par des esclaves en Uruguay et adaptée ensuite par les Argentins, elle aurait à voir avec l’Espagne mais nullement avec le reste de l’Europe, comme si l’Espagne des 17ème et 18ème siècles avait été imperméable au reste de la vie culturelle du continent). L’invité n’a visiblement pas écouté la conférence donnée par Pepe Kokubu et n’a aucune considération pour qui il est et pour le travail qu’il a accompli. Le ton adopté par cet Européen qui fait la leçon à l’Argentin et lui enseigne, lui, ce qu’est le tango, a profondément choquée l’auditrice de France Culture que je suis : pendant quelques secondes, j’ai cru entendre le discours arrogant d’un Espagnol prenant la parole au Cabildo Abierto du 22 mai 1810 à Buenos Aires (voir mon article du 22 mai 2010 sur cet épisode crucial de la révolution argentine). Ce complexe de supériorité de l’Européen, qui disposerait, parce qu’il est Européen, de la vérité révélée en tout et sur tout et qui se permet de regarder de haut le Sud-Américain qui chercherait à acquérir, par une construction intellectuelle artificielle, un prestige dont en aucun cas sa danse de troisième ordre ne saurait se prévaloir, a quelque chose de colonial et pour moi de proprement insupportable. Il faut dire aussi que l’animateur présente l’intervention de Pepe Kobubu comme quelque chose de plutôt pittoresque, d’anecdotique, comme un scoop douteux selon lequel le tango remonterait à Mozart (ce qui est faire un raccourci à la limite de l'honnêteté intellectuelle) et ce faisant, il passe sous silence le contenu de la conférence et les arguments de Pepe. Grâce à quoi, il offre à son invité, et sur un plateau d’argent, une occasion en or de ridiculiser à bon compte les propos solides et, qui plus est, tenus dans un français impeccable par un membre argentin de la Academia Nacional del Tango.
Ce manque d’approfondissement de la question, présentée pourtant comme sujet du jour, sur les ondes d’une radio de référence comme France Culture et le manque de courtoisie que cela démontre envers une institution culturelle étrangère et envers le tango lui-même (sans parler des organisateurs de Tangopostale) sont tout à fait regrettables mais malheureusement très typiquement français.
Aurait-on osé sur cette même chaîne s’exprimer de la sorte sur le jazz de la Nouvelle Orléans ?
Ajout du 15 juillet 2010 : en fait, Le Rendez-vous avait un agenda, semble-t-il, trop chargé hier pour respecter la promesse faite aux organisateurs du festival. L'émission d'hier, 14 juillet, ne comporte en fait aucune information relative à Tangopostale. Tout est sur le festival d'Avignon, avec plusieurs interventions en direct et en public (fort intéressantes au demeurant). Mais nulle trace du tango dans tout ça...
Ajout du 16 juillet 2010 : C’était finalement hier, en "sujet du jour" dans le Journal de la Culture en première partie de l’émission.
L’intervention de Pepe Kokubu dure une seule petite minute en tout début d’émission (cinq minutes après le début). Une minute ne peut bien sûr pas rendre compte du travail très poussé de recherche dont témoigne la conférence et que met beaucoup mieux en lumière l’interview - donnée en anglais hélas pour les Francophones - dont je vous parlais sur ce blog - dans un article en français - en juin 2009 (voir lien plus haut).
Mais il y a pire que la brièveté de l’interview dans cette émission de France Culture.
Quelques minutes après et hors de propos, l’intervention de Pepe Kokubu est contestée, sur un ton plein de morgue et de condescendance, par un invité du tour de table du Rendez-vous qui sert aux auditeurs, comme s’il s’agissait d’une vérité révélée, une version étriquée de la genèse du tango, version qui n’est pourtant pas incompatible avec la thèse, beaucoup plus complète, développée par Pepe Kokubu, pour peu qu’on prenne la peine de l’écouter (pour ce commentateur, le tango serait une danse noire inventée par des esclaves en Uruguay et adaptée ensuite par les Argentins, elle aurait à voir avec l’Espagne mais nullement avec le reste de l’Europe, comme si l’Espagne des 17ème et 18ème siècles avait été imperméable au reste de la vie culturelle du continent). L’invité n’a visiblement pas écouté la conférence donnée par Pepe Kokubu et n’a aucune considération pour qui il est et pour le travail qu’il a accompli. Le ton adopté par cet Européen qui fait la leçon à l’Argentin et lui enseigne, lui, ce qu’est le tango, a profondément choquée l’auditrice de France Culture que je suis : pendant quelques secondes, j’ai cru entendre le discours arrogant d’un Espagnol prenant la parole au Cabildo Abierto du 22 mai 1810 à Buenos Aires (voir mon article du 22 mai 2010 sur cet épisode crucial de la révolution argentine). Ce complexe de supériorité de l’Européen, qui disposerait, parce qu’il est Européen, de la vérité révélée en tout et sur tout et qui se permet de regarder de haut le Sud-Américain qui chercherait à acquérir, par une construction intellectuelle artificielle, un prestige dont en aucun cas sa danse de troisième ordre ne saurait se prévaloir, a quelque chose de colonial et pour moi de proprement insupportable. Il faut dire aussi que l’animateur présente l’intervention de Pepe Kobubu comme quelque chose de plutôt pittoresque, d’anecdotique, comme un scoop douteux selon lequel le tango remonterait à Mozart (ce qui est faire un raccourci à la limite de l'honnêteté intellectuelle) et ce faisant, il passe sous silence le contenu de la conférence et les arguments de Pepe. Grâce à quoi, il offre à son invité, et sur un plateau d’argent, une occasion en or de ridiculiser à bon compte les propos solides et, qui plus est, tenus dans un français impeccable par un membre argentin de la Academia Nacional del Tango.
Ce manque d’approfondissement de la question, présentée pourtant comme sujet du jour, sur les ondes d’une radio de référence comme France Culture et le manque de courtoisie que cela démontre envers une institution culturelle étrangère et envers le tango lui-même (sans parler des organisateurs de Tangopostale) sont tout à fait regrettables mais malheureusement très typiquement français.
Aurait-on osé sur cette même chaîne s’exprimer de la sorte sur le jazz de la Nouvelle Orléans ?
Sur le programme du festival Tangopostale, voir mon article du 29 mai 2010
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