“El nombre del Cuarteto es para que me lleguen los juicios a mí”, es el chiste, “pero la manera de laburar tiene que ver con lo grupal. Está bueno trabajar con gente diferente. Que cada uno aporte su visión y nutra el proyecto. No creo en eso de ‘lo’ solista.”
Julio Coviello, Página/12
Le nom du Quatuor c’est pour que les jugements tombent sur moi, dit-il en plaisantant, mais la manière de bosser a à voir avec le collectif. C’est bien de travailler avec d’autres gens. Parce que chacun contribue avec sa vision et nourrit le projet. Je ne crois dans ce truc du soliste.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
C’est ainsi que débute l’interview que Cristian Vitale publie ce matin du bandonéoniste et compositeur Julio Coviello dans les pages culturelles de Página/12 à l’occasion dela présentation ce soir au CAFF du premier disque de la jeune formation qui porte son nom : Cuarteto Julio Coviello (sur ce concert et ce disque, voir mon article d’hier).
Dans cet article, Julio Coviello, 26 ans, s’explique sur son aventure hors de l’orchestre et sur son rapport au rock et au tango ainsi qu’au travail orchestral proprement dit... Extraits :
Quien conozca a la Fierro escuchará algunos tintes de la Orquesta en este Cuarteto. Pero de lo que me agarraron ganas el año pasado fue de escribir y experimentar algunas cosas dirigiendo y tomándome más licencias que las que tengo en la Orquesta, que está muy firme con una personalidad que se funde con el rock.
Julio Coviello, Página/12
Qui connaîtrait la Fierro entendrait quelques échos de l’Orchestre dans ce Quatuor. Mais ce qui m’a donné envie l’année dernière, ça a été d’écrire et d’expérimenter quelques trucs en assurant la direction musicale et en prenant plus de libertés que celles que j’ai dans l’Orchestre, qui est bien stable dans une personnalité qui se fonde sur le rock.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Au sujet du style plein de rage et de fureur, qui rappelle par bien des points la OTFF :
Sí, pero hay diferencias. Hoy por hoy, con la Fierro estamos buscando un repertorio cantado, muy relacionado con la cultura rockera. Ahí, insisto, la rockeo con todo, mientras aquí la búsqueda es más interna.
Julio Coviello, Página/12
Oui, mais il y a des différences. Au jour d’aujourd’hui, avec la Fierro, nous cherchons un répertoire chanté, très en relation avec la culture rock. Là-bas [avec la OTFF], j’insiste, je fais du rock avec tout tandis qu’ici [dans le disque et avec le quatuor], la recherche est plus intérieure.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
- ¿Abrir el disco con un arreglo de “Lo que vendrá” implica que el aura principal del disco es Piazzolla o se trata apenas de un detalle que se funde en otro todo?
- Yo diría que el músico que sobrevuele el disco se va a encontrar con algo de Troilo, de Piazzolla, de Pugliese... En fin, no es fácil de clasificar, porque todos los sonidos que encuentra el Cuarteto son en masa. No es cuatro solistas y un cantante, es un grupo-masa que avanza con temas cortos, algo que, ya que lo mencionamos, tiene poco que ver con el desarrollo a la Piazzolla.
Julio Coviello, Página/12
- Commencer le disque avec un arrangement de Lo que vendrá [de Astor Piazzolla] implique-t-il que l’aura principal du disque soit de Piazzolla ou s’agit-il seulement d’un détail qui se fonde sur tout autre chose ?
- Moi, je dirais que le musicien qui survole le disque va trouver quelque chose de Troilo, de Piazzolla, de Pugliese... Mais, bon, ce n’est pas facile de faire une classification parce que tous les sons que trouve le Quatuor forment une pâte. Ce n’est pas quatre solistes et un chanteur, c’est un groupe-pâte qui avance avec des morceaux courts, quelque chose qui, nous l’avons déjà mentionné, n’a pas grand-chose à voir avec ce qui se développe à la manière de Piazzolla.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Quelques lignes plus loin, le journaliste veut qu’il s’explique sur la brièveté des morceaux puisque l’ensemble du disque avec ses 14 pistes ne dépasse pas la demi-heure d’audition.
“Es como la búsqueda de una síntesis, como una trompada bien pensada [...] Digamos que después de hacer todo un proceso mental, vos podés decir una frase que sintetice todo de una manera clara. Son tangos cortos y sin vueltas, porque los temas muy largos me distraen. Los entiendo con el oído del músico, sí, pero la idea de poder escuchar música sin tener un background de erudición musical también está buena. Apunto a que la primera impresión impacte.
Julio Coviello, Página/12
C’est comme la recherche d’une synthèse, comme un coup de gourdin bien imaginée [...] Disons qu’après avoir suivi tout un processus mental, tu peux dire une phrase qui synthétise tout d’une manière claire. Ce sont des tangos courts et qui ne tournent pas autour du pot, parce que les morceaux très longs me procurent des distractions. Je les comprends avec l’oreille du musicien, bien sûr, mais l’idée de pouvoir écouter de la musique sans avoir une érudition musicale en background, ça aussi, c’est bien. Je vise à ce que ça fasse de l’effet à la première impression.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
L’interview se termine sur la version de Milonga triste dont il a gommé la tristesse habituelle pour un relookage rock, âpre, pas commode comme les 13 autres morceaux. Ce qui donne une version pour le moins décoiffante et déconcertante, inattendue. Dans ce dernier paragraphe, il explique que pour lui, la musique passant par son corps, il voulait donner une structure rythmique assez soutenue à cette milonga et éviter qu’elle ressemble à "une crème renversée sans rythme en perpétuel effondrement".
Et toc ! C’est à prendre ou à laisser... Une interview qui ne donne pas dans la demi-mesure mais qui cogne. Comme sa musique. A découvrir donc, ne serait-ce que par petits morceaux sur le site de Zivals (voir le lien dans la Colonne de droite de ce blog) avant d’acheter le disque ou, si vous êtes à Buenos Aires, de vous précipiter au CAFF ce soir (22h30) pour aller les écouter en vivo (1).
Pour en savoir plus :
(1) en vivo : veut dire à la fois "en public" et "en direct".