vendredi 16 juillet 2010

Quand Rudy et Paz nous expliquent pourquoi l’Eglise est si mal comprise en Amérique du Sud [Actu]

C’est la même apparente contradiction logique qu’entre la peine de mort et l’avortement en Europe, lorsqu’il y a une quinzaine années, le catéchisme universel de l’Eglise catholique légitimait la peine de mort dans des circonstances politico-sociales bien déterminées (qui n’étaient d’ailleurs pas celles de l’Europe) alors qu'il frappait l’avortement d’un interdit absolu…

Avant-hier, alors qu’à Buenos Aires la soixantaine de sénateurs argentins débattait avec acharnement de la loi sur le mariage entre époux de même sexe, loi contre laquelle l’Eglise argentine se bat depuis des mois, la conférence épiscopale chilienne appelait, de son côté, à une amnistie pour les condamnés pour crimes politiques de sang pendant la Dictature de Pinochet. Un appel à l’amnistie qui a fait beaucoup de bruit en Amérique du Sud où la plupart des pays sont désormais revenus de cette phase d’oubli qui a marqué la fin des années 80 et le début des années 90 et organisent des procès, comme c’est le cas en particulier en Argentine et en Uruguay.

Ce décalage manifeste entre un enjeu compris par la majorité de la population comme politique et gravissime au niveau national (la répression des violations des droits de l’homme sous des dictatures implantées et soutenues par les Etats-Unis) et un enjeu qui semble appartenir, aux yeux de beaucoup de personnes dans la civilisation occidentale, à la vie privée (le couple et la sexualité) est exposé aujourd’hui dans un simple dessin lumineux à la une de Página/12 par l’humoriste Rudy et le dessinateur Daniel Paz, tous deux très hostiles à l’Eglise catholique et aux raideurs de son discours public :


Lui : L’Eglise chilienne demande l’amnistie pour [leurs] bourreaux…
Elle : Bizarres, ces types ! Si tu tues plein de gens, ils veulent t’amnistier, mais si tu te maries avec quelqu’un du même sexe que toi, ils t’envoient en enfer…
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Tout est dit. Et à partir de là, vous comprenez le succès invraisemblable des sectes à Buenos Aires où elles ont véritablement pignon sur rue. Elles ont investi d’anciens cinémas de quartier sur les grandes avenues de la capitale. Il y en a plusieurs et des plus dangereuses qui affichent leurs slogans ahurissants tout au long de l’avenue Rivadavia, l’artère qui traverse tout Buenos Aires d’est en ouest et sert à la numérotation des rues…