jeudi 19 mars 2009

Festival internacional de Tango de Granada [ici]


Du 31 mars au 5 avril, aura lieu à Grenade dans le sud de l'Espagne le 21ème festival international de Tango. Le Festival Internacional de Tango de Granada est le tout premier festival de tango qui soit digne de ce nom et qui se soit monté en dehors de la patrie du tango (Argentine et Uruguay). C'est le doyen des festivals tangueros d'Europe. Et il s'agit d'un vrai festival avec un programme très complet avec concerts, rencontres littéraires (on est en terre hisponophone), colloques, dialogues artistiques entre musiques d'origine différentes, stages et spectacles de danse, milongas...

A l'inverse des tout prochains festivals de Paris, Bruxelles, Bâle et Turin qui sont essentiellement l'affaire de professeurs de tango exerçant sur place et de passionnés animés d'une immense volonté mais peu outillés, le Festival Internacional de Tango de Granada est une manifestation on ne peut plus officielle, organisée par une agence de spectacle, Andart Producciones Culturales, qui dispose donc de ressources techniques et logistique d'une toute autre ampleur. Le Festival, dirigé par Horacio Rébora, a l'appui de la Mairie de Grenade qui a consacré un budget de 90 000 € cette année à la manifestation et celui de la Junta de Andalucía, l'entité politique régionale à laquelle appartient la ville de Grenade. C'est un festival qui est du niveau de celui de Buenos Aires. Et pourtant de toutes les manifestations de ce début de printemps en Europe, c'est celle qui connaît le plus de problèmes avec son site. Si jamais le lien que je vous joins ici ne marchait pas correctement, cliquez sur l'ouverture via le cache Google qui devrait vous être proposée. En espérant que ça marche un peu mieux comme ça.

Andart Producciones Culturales organise aussi le Festival de Sagunto, qui a eu lieu le mois dernier, les 20 et 21 février, le Festival de Lanjarón, celui de la Costa del Sol, celui de Almería et celui de Jerez de la Frontera (tout ça; c'est l'Andalousie).

Parmi la soixantaine d'artistes attendus cette année à Grenade, on compte parmi les Argentins le danseur Miguel Angel Zotto, le chanteur Caracol, l'auteur compositeur interprète Carlos Andreoli, Graciela Novellino, le pianiste Cristian Zárate, le chanteur et auteur-compositeur Guillermo Fernández (qui vient de sortir un disque sur lequel il marie le tango et la musique gitane notamment andalouse). Des artistes viendront aussi de Colombie, du Danemark, de Finlande, de Suède, du Japon et bien sûr il y aura aussi des musiciens locaux, en particulier des artistes du flamenco (qui a sa part dans la naissance du tango, notamment le canto jondo, qui est une des manières de chanter le flamenco. C'est même du flamenco que vient très vraisemblablement le nom lui-même du tango, nom qui a sans doute été emprunté à l'un des modes du flamenco très en vogue au 19ème siècle. Vers 1870 à Buenos Aires, on distinguait le "tango criollo", qui a donné ce qu'on appelle aujourd'hui le tango, et le "tango andaluz", qui désignait cette forme du flamenco).

La soirée d'ouverture est confiée à un ensemble d'artistes suédois et argentins vivant en Suède...

Beaucoup de manifestations auront lieu au Teatro Isabel La Católica, mais le Festival se répandra aussi dans les quartiers et à l'Université qui est co-organisatrice comme la Junta et la Municipalité. Une rencontre autour de l'influence du poète andalou Federico García Lorca sur l'univers esthétique du tango devrait se tenir dans les locaux universitaires. Federico García Lorca a fait un voyage à Buenos Aires en 1932 et son passage a beaucoup marqué les poètes de l'époque, notamment quelqu'un comme Enrique Santos Discépolo, anarchiste lui aussi, et jusqu'aux poètes argentins d'aujourd'hui.
Horacio Ferrer, Président de la Academia Nacional del Tango et prestigieux auteur s'il en est, devrait être là comme tous les ans (il aime beaucoup cette manifestation et visite aussi très souvent l'Espagne où il a passé trois semaines au mois d'octobre dernier à tourner dans toute la Péninsule pour présenter le disque María de Buenos Aires Suite). L'année dernière, il avait présenté son Teatro Completo (Editorial del Soñador) le 6 avril dans ce cadre grenadin.