Raúl Alfonsín est le premier président argentin démocratiquement élu après la chute de la Junte Militaire, en octobre 1983. Cet avocat de formation, militant de la Unión Cívica Radical, est celui qui a rétabli le cours constitutionnel de la vie politique en Argentine. Aujourd’hui atteint d’un cancer du poumon qui a évolué en cancer osseux, il y a bien longtemps que les Argentins le savent très malade. Mais depuis dimanche, il lutte aussi contre une pneumonie. Devant son appartement, situé sur avenida Santa Fe au n° 1678, dans le quartier de La Recoleta à Buenos Aires, les gens ont commencé à se rassembler depuis qu’on a su ce matin que son état de santé s’était brutalement aggravé. Monseigneur Justo Laguna, évêque émérite de Morón en banlieue sud de Buenos Aires, très connu pour son action publique et pastorale en faveur de la démocratie et du dialogue entre les catholiques et les juifs, a été appelé auprès de lui pour célébrer le sacrement des malades. Un médecin de l’Hospital Italiano, grand établissement du quartier d’Almagro, est constamment à son chevet. Il a mis en place une hospitalisation à domicile et informé la presse que son patient resterait désormais chez lui quoi qu’il arrive.
Depuis le Qatar où elle est en déplacement officiel, l’actuelle Présidente de la République, Cristina Fernández de Kirchner, a pris de ses nouvelles par téléphone.
Si le décès intervient maintenant, si près du Día nacional de la Memoria para la Verdad y la Justicia, qui se célèbre tous les ans au jour anniversaire du Coup d’Etat de 1976, chaque 24 mars, il faut d’autant plus s’attendre à voir couler des fleuves d’encre dans tous les journaux d’Argentine et sans doute aussi des pays frontaliers. Raúl Alfonsín est celui grâce à qui toute une génération d’Argentins, tous ceux qui ont 25 ans aujourd’hui ou qui ne les ont pas encore, n’aura connu que la démocratie sur sa propre terre, après plus de 50 ans d’instabilité politique entre1930 et 1983.