L’usine à gaz, c’est le nom que je donne au système extrêmement complexe mis au point par le Gouvernement argentin l’année dernière pour permettre une équitable indexation des montants des retraites dans un contexte économique national et régional rongé par une énorme inflation (20 à 25% annuels).
Cette "Ley de Movilidad" (loi d’indexation) était si compliquée que les quotidiens eux-mêmes avaient renoncé à l’exposer en détail et que l’opposition ainsi que certains syndicats l’ont combattue de toutes leurs forces. Elle dispose que les barèmes des retraites seront indexés tous les ans à deux reprises, au mois de mars et au mois de septembre. Au 1er mars de cette année, les retraites se voient donc revalorisées de 11,69%, ce qui bénéficiera à 6,1 millions de personnes (soit 5,4 millions de retraités du nouveau système universel de retraite par répartition, 676 000 bénéficiaires de régimes non assis sur des cotisations et 20 000 vétérans de la Guerre des Malouines). Le minimum vieillesse est porté de 690 $ à 770 $ (1).
La loi prévoit deux indices (2) dont elle prévoit qu’on retienne le plus bas. En fait, l’un des deux indices était de 11,97% et l’autre de 11,4 et il a été décidé d’appliquer la moyenne des deux, soit 11,69 %, ce qui est plus généreux que ce que prévoit la loi (11,4%) et permet au Gouvernement de démentir les accusations qui au moment du vote ont été portées contre lui : celui d’avoir monté une usine à gaz pour mieux embrouiller les gens et voler ainsi aux retraités leur juste dû.
Cette réévaluation entraîne une augmentation de 6 050 millions de $ au budget de l’ANSeS pour servir les pensions de retraite argentines en 2009. A noter aussi que les anciens affiliés des régimes dits AFJP (système de retraite par capitalisation de base, supprimé à la fin de l’année dernière, voir mes articles sur cette épique bataille économique) bénéficieront eux aussi de cette indexation de leurs revenus mensuels. C’est la première fois que tous les retraités argentins se voient appliqué le même traitement.
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(1) Ceci dit, essayez donc de vivre avec cette somme mensuelle là-bas ! Vous allez voir : votre train de vie sera loin d’être luxueux. Voir à ce sujet mon article de septembre sur le panier de la ménagère avec les prix que j’avais relevés en août 2008 à Buenos Aires (ça a augmenté depuis). On peut se reporter aussi à l’article sur l’augmentation du salaire minimum en juillet 2007.
(2) L’un des indices combine l’augmentation des salaires (on prend la plus forte augmentation entre celle indiquée par l’Institut national des statistiques, l’INDEC, et celle indiquée par la Sécurité Sociale) et l’augmentation des recettes de la sécurité sociale (en fait l’augmentation des cotisations versées par les entreprises), le tout évalué semestriellement. L’autre indice prend en compte la moitié de la variation des revenus totaux de l’ANSeS (l’administration nationale de sécurité sociale) sur 12 mois et l’augmente de 3%.