samedi 28 mars 2009

Un nouveau lieu de partage du tango pour le chanter et pour le danser [à l'affiche]



La chanteuse Alicia Pometti a trouvé refuge au premier étage de la tanguería Taconeando, de la rue Balcarce 725 (cette rue se situe dans la zone limitrophe entre les quartiers de San Telmo et de Monserrat, et elle est du côté Monserrat). L'affaire se passe tout les vendredi de 22h à 3h du matin et ça a commencé hier. On y chante, on y danse, on partage sa passion pour le tango, dans ce qu'il a de plus surprenant sans doute pour nous, les Européens, cette dimension de communion culturelle comme un rite religieux authentique (on n'a rien de semblable chez nous).

Les organisatrices sont Alicia Pometti, Graciela Raffa et Mabel Simoncini. Ces deux dernières sont bien connues des radiophiles tangueros, puisqu'elles assurent la programmation musicale de plusieurs tranches horaires en semaine sur les ondes de la 2x4, la radio publique de Buenos Aires consacrée entièrement au tango et que vous pouvez découvrir grâce au lien qui y mène dans la rubrique Ecouter de la Colonne de droite).

Le guitariste Tony Gallo assure l'accompagnement musical pour Alicia Pometti et les autres personnes de l'assemblée qui veulent chanter (les Portègnes chantent beaucoup plus facilement que les Français, ils n'hésitent pas à monter sur la scène ou sur la petite estrade qui en tient lieu et à s'emparer du micro. Et alors ils chantent très bien. Ce n'est pas du karaoké ! C'est du vrai chant, avec le coeur et les tripes, de la part des hommes comme des femmes).

Alicia Pometti a sorti un disque chez Melopea, Tango Azul : 13 pistes de grands classiques pour la plupart; à part le dernier morceau, Candombe para Gardel, pas vraiment très connu. Le disque est actuellement disponible. La boutique en ligne de Zivals vous permet même d'en écouter 30 secondes de chaque piste avant de vous décider. Ce disque, comme tous ceux inscrits au catalogue de Melopea, sera aussi d'ici quelques mois facilement accessible directement via le site de la maison de disques. En effet, pour les 20 ans de Melopea, le site est en train de se refaire une beauté (voir l'article de décembre dernier). Donc un peu de patience, s'il vous plaît. C'est très coquet, un Portègne, même virtuel et dématérialisé (on ne se refait pas) et la pinta, c'est un must social (1).

Tony Gallo est guitariste et compositeur, il a assez souvent accompagné Las Minas del Tango Reo et l'une des deux chanteuses, Lucrecia Merico, désormais familière de ce blog depuis un premier article sur Tango sin Grupo, le spectacle qu'elle a montée avec Cucuza (voir l'article sous ce lien). En revanche, pour sa consoeur Alicia Pometti, c'est la première fois que Barrio de Tango mentionne son nom.
Et des premières, il y en aura encore un paquet cette année dans ces colonnes. Le puit de tango des artistes portègnes n'est pas près d'être épuisé...

(1) La pinta, c'est un mot de lunfardo qui veut dire l'élégance, le chic, la tenue qui en jette, l'allure qui éblouit (pas grand-chose donc à voir avec le mot presque argotique de dégaine ou celui de sappe, qui ne sont pas toujours très laudatifs). Et parce que la pinta fait partie des critères auxquels la culture portègne attache beaucoup d'importance (et la capacité de parler, d'avoir la langue bien pendue aussi), j'ai choisi ce mot et ces deux notions pour le titre de ma rubrique sur les spécificités des langages oraux ou populaires en Argentine et en zone francophone : Jactance & Pinta (comme ça, le &, vous le lisez "y" ou "et"). Voir l'article de juillet 2008 où j'explique ces deux termes.