Après la composition et l’art de l’arrangement, l’interprétation instrumentale et le chant (Seminario Argentino Galván), après l’histoire (Taller Juan Carlos La Madrid), après la culture (Taller Luis Adolfo Sierra) et après l’écriture (Seminario y Taller de letristas Homero Expósito), il ne manquait plus que la danse pour boucler la rentrée de la Academia Nacional del Tango.
Eh bien elle arrive ! Tout vient à temps à qui sait attendre, comme on dit !
La danse, tout d’abord (enfin, c’est mon ordre à moi), c’est le Seminario De iniciación al baile Bernardo Undarz El Mocho qui revisite l’histoire chorégraphique du tango argentin, son évolution technique et esthétique, à travers les nombreux documents filmés, plus ou moins longs, qu’on a pu conserver, grâce à des grands collectionneurs méticuleux et précis, des documents qui permettent de visualiser les plus grands danseurs en action, depuis que l’invention des Frères Lumière a atteint les rives du Río de la Plata.
Tous les séminaires de la Academia portent des noms d’artistes. Ce que vous aviez déjà repéré. (1). Celui-ci porte le nom de Bernado Undarz dit El Mocho (le hibou), un danseur né vers 1895 à Avellaneda, dans la banlieue sud de Buenos Aires, et mort en 1930, de la tuberculose, dans la ville argentine de Córboba : il fut le premier à danser du tango sur les planches avec sa femme, Amelia Undarz, plus connue sous le surnom de La Portuguesa.
Si ces danseurs d’hier puis d’aujourd’hui vous intéressent et que vous êtes coincés de ce côté-ci de l’Atlantique, sans possibilité d’aller faire un saut, comme ça, en passant, en semaine, à Buenos Aires, avenida de Mayo, 833, jetez donc un coup d’oeil sur le catalogue de tous ces artistes qu’a dressé le poète et essayiste Luis Alposta en octobre 1968, dans le cadre d’une communication faite à la Academia Porteña del Lunfardo.
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A la Academia Nacional del Tango, il y a aussi des cours... de tango. Ils sont animés par les deux professeurs maison, Liliana Torres Calívar et Victor Chamorro en deux niveaux, débutants et avancés, tous les jours de semaine, du lundi au vendredi, de 15h à 18h puis de 18 à 21 h (notez bien que la Academia est fermée le week-end).
Ces cours sont des cours ouverts, c’est-à-dire que les élèves choisissent l’heure et le jour où ils veulent venir (2). S’y retrouvent tous ensemble les Portègnes et les touristes, argentins comme étrangers, dans le climat de convivialité qui caractérise tout ce qui se fait à la Academia. Et en dehors des heures de cours ci-dessus, les professeurs donnent aussi des cours privés sur rendez-vous (3).
Voilà une des très bonnes façons d’apprendre à danser le tango argentin à Buenos Aires, dans le micro-centro (les beaux quartiers, en français), sur la Avenida de Mayo (à la hauteur de la esquina Mayo y Piedras et juste à la sortie du métro Piedras). Et après le cours, qu’est-ce qui vous empêche d’aller danser dans les innombrables milongas qui pullulent en ville...
Sur ce sujet, voir également la rubrique Eh bien dansez maintenant !, dans la Colonne de droite, partie inférieure.
(1) Les sièges des Académiciens seniors (ceux qu’on appelle Académicos de Número) portent des titres de tango. Les salles portent la plupart du temps des noms d’artistes. A la Academia Porteña del Lunfardo, les sièges des Académicos de Número portent le nom de différents poètes qui se sont illustrés dans l’emploi poétique du lunfardo (voir ce mot dans Trousse lexicale d’urgence, en partie centrale de la Colonne de droite).
(2) Un conseil d’amie entre nous et à mi-voix : commencez toujours par vous sous-estimer (en tout cas, gardez-vous comme de la peste de vous surestimer). Même si vous avez beaucoup d’heures, voire même d’années de tango derrière vous ici en Europe, si c’est votre premier voyage là-bas, commencez par le cours débutant. Si votre niveau technique est bien celui du niveau avancé, les professeurs sauront le repérer et vous le diront. Faites-leur confiance. Ici en Europe, tous les professeurs, même s’ils sont argentins et même quand ils se réclament des meilleurs parrainages là-bas (allez donc vérifier !), ne prennent pas, loin de là ! la précaution de toujours poser des bases techniques solides. C’est comme ça que bien des Européens présomptueux ont connu des expériences fort désagréables et auxquelles ils ne s’attendaient pas, une fois à Buenos Aires. Et c’est bête de partir si loin pour revenir avec autre chose que des bons souvenirs...
(3) Attention : en Argentine, dans le cadre des cours, on ne danse pas systématiquement en couple mixte. Si l’équilibre entre hommes et femmes n’est pas atteint, on peut être amené à travailler avec quelqu’un du même sexe que soi et se partager les deux rôles (ce qui fait que les femmes savent un peu ce que c’est que de guider et les hommes ce que c’est que d’être guidé). C’est un rapport à l’autre auquel les Français sont plutôt réticents. Sur le sol national, en tout cas.