Dans la Colonne de droite, dans la rubrique Ecouter, dans la partie basse de la Colonne, celle consacrée aux liens externes à Barrio de Tango, ont récemment fait leur apparition deux nouvelles stations de radio (consacrées au tango et gratuites, bien évidemment) accessibles partout dans le monde puisqu’elles sont diffusées par streaming depuis un site Internet, en plus de leur émission hertzienne.
Il s’agit de Radio Clarín Uruguay (qu’on pourrait traduire par Radio Clairon d’Uruguay) qui diffuse du tango et du folklore uruguayen 24 heures sur 24. L’accent est mis sur la musique "oriental" comme on dit là-bas (en vous reportant à une carte de géographie, vous allez tout de suite comprendre pourquoi). Cet accent oriental, c’est sa grande différence avec des institutions argentines du même ordre, comme La 2x4 ou FM Tango Rosario par exemple. Au-delà de la musique uruguayenne, Radio Clarín s’attache aussi et tout particulièrement à présenter le répertoire et les enregistrements de Carlos Gardel, dont j’ai déjà eu l’occasion de vous dire de quelle terrible querelle il faisait l’objet en Uruguay, vis-à-vis de l’Argentine voisine, le pays qui a gardé les reliques du saint ou du dieu, c’est selon (lire à ce propos mon article récent sur les théories opposées, sur lesquelles se déchirent les deux pays riverains du Río de la Plata, quant à son lieu de naissance et par voie de conséquence à sa nationalité).
Radio Clarín a été fondée le 12 octobre 1958 (elle a donc fêté ses 50 ans d’existence l’année dernière). Elle ne doit évidemment pas être confondue avec le puissant groupe de presse argentin Clarín, qui possède, à Buenos Aires, le célèbre quotidien homonyme (souvent cité dans ces colonnes) et la chaîne de télévision 100% info qu’est TN (pour Todo Noticia).
Radio Clarín émet depuis Montevideo (Avenida 18 de Julio, au numéro 1516, 9ème étage), par voie hertzienne (sur AM580) et maintenant aussi sur son site, par ailleurs très intéressant à visiter.
Rendez-vous sur la page programmation : vous y trouverez le déroulé de la journée avec les artistes de tango ou les genres qui passent à l’antenne, détaillé à l’échelle du quart d’heure. La page Carlos Gardel veut aussi le clic gauche de souris : avec une dignité affichée, Radio Clarín refuse de prendre partie dans la querelle sur le lieu de naissance de l’intéressé (même si le coeur penche nettement vers Tacuarembo, cela ne fait pas l’ombre d’un doute). Le site a même la suprême élégance de reconnaître que la version selon laquelle Gardel serait né (je dis bien "serait né") à Toulouse est fondée ("con fundamento", avec des éléments solides à l’appui). Un tel fair-play méritait d’être souligné, dans un blog qui est tout de même rédigé, la plupart du temps en tout cas, dans une autre ville portuaire, établie, elle, sur le cours beaucoup plus modeste de la Seine. Rive gauche, bien sûr... Est-ce que ce blog a une tête à être rédigé rive droite, hein ! (1) Après la présentation de Gardel et de la douloureuse question de son lieu de naissance, vous avez droit à la liste de tous les enregistrements de Gardel susceptibles de passer à l’antenne et je crois qu’on ne doit pas être bien loin d’avoir sous les yeux la discographie exhaustive de Carlitos. Sur la page Versos insertados, vous avez quatre notes sur quatre auteurs (trois sont uruguayens, un est argentin, c’est l’auteur du Martín Fierro qui est au Río de la Plata ce que Don Quichotte est à l’Espagne ou D’Artagnan à la France). Ce sont les auteurs des citations insérées dans les jingles qui scandent les tandas musicales (tanda : série, rafale) de quart d’heure en quart d’heure. C’est pas cultureux, ça !
Le logo de la station montre un clairon sur fond d’emblème national, ce soleil rayonnant sur ce bleu presque marine à quoi on reconnaît la República Oriental del Uruguay.
L’autre radio est argentine, elle s’appelle AM Tango et elle émet, depuis Buenos Aires, en hertzien sur la fréquence AM 1120 et par un streaming sur son site internet. Logo bien porteño avec ce couple de danseurs par dessus un bandonéon (essayez donc de danser le tango avec un bando sous les pieds !), dans le bleu ciel national le tout dans un cadre fileteado (2), à arabesques fleuries et dorées et photo de Gardel incluse (quand je vous disais qu’il est revendiqué des deux côtés du Río de La Plata).
Sur AM Tango vous écouterez du tango non stop, du pré-programmé qui tourne tout seul, entre 23h le soir et 9h le lendemain matin (heure locale, s’entend) et de minuit à minuit le dimanche. La nuit, c’est l’heure où les tangueros vivent, sortent, se retrouvent, respirent... dans les cafés, les théâtres, les salles de concerts et les milongas. Vous ne les trouvez donc pas dans des studios de radio ou des cabines techniques à bosser pour des auditeurs. (Pour le décalage horaire entre l’Europe occidentale, Paris, Bruxelles, Madrid, Lausanne, Den Haag..., et le Río de la Plata, reportez-vous aux Infos Pratiques dans la partie centrale de la Colonne de droite, sur la droite de votre écran).
En revanche, entre 9h et 23 h, vous avez une formidable flopée d’émissions. Les unes sont quotidiennes : Una cita con el tango (un rendez-vous avec le tango) de 9h à 10 en semaine, la tanguería del poeta de 13h à 14 du lundi au vendredi. Les autres sont hebdomadaires comme El rincón de Rosario (le coin de Rosario, un nom de ville et un prénom de femme) de 9h à 11h le samedi matin ou La Tarde que me quieras (l’après-midi où tu m’aimeras, formule qui parodie le titre d’un célèbre tango de Carlos Gardel et Alfredo Le Pera, El día que me quieras) de 14h à 16h, le vendredi.
AM Tango vous propose des émissions sur le tango (elles occupent la plus grosse part de la grille des programmes), des émissions sur le folklore (qui a des liens de parenté évident avec le tango par l’apport des payadores à la genèse du genre, voir les grandes dates du tango, publié ce jour), des émissions sur la culture (La Boca, siglo 21, le jeudi de 20h à 21h), une émission sur le vin (Mundo Wines le mardi de 19h à 20h)... Bref, une grille de radio variée et qui donne envie de faire du décalage horaire un mode de vie.
Merci à Fernanda Lorá, l’animatrice de la Tarde que me quieras, qui m’a permis de prendre connaissance de son émission, à travers l’échange de mails assez tennistique pratiqué par les honorables membres de la communauté Perfiles de Tango, qui vient de me faire l’honneur de m’admettre en son sein. Un salut amical à elle, qui a démarré son émission sur les ondes de AM Tango le 9 janvier dernier...
Ces radios sont à écouter telles quelles. Elles ne permettent aucun téléchargement et ne fournissent, à cette heure en tout cas, aucun service de podcast.
(1) Rive droite - rive gauche : acá en París dicemos ribera derecha para la del norte, ribera izquierda par la del sur. El Río Sena corta la ciudad de este en oeste. Tradicionalmente (es decir durante el Medio Evo), el norte del Sena era la parte comercial y artesanal de París (le quartier des marchands et des banquiers) y todavía sigue siendo el conjunto de los barrios fenicios, las tiendas de lujo, la Bolsa, grandes hoteles y sedes de bancos y seguros, mientras el sur es la parte donde siempre se radicaron los clerigos (conventos, iglesias mayores y universidad de París, la Sorbonne, que en aquel entonces era todo igual). De ahí, después de separarse la universidad y la iglesia, se radicaron también los intelectuales, los artistas, la gente de izquierda, los filósofos, los docentes. Y en el centro, en Ile de la Cité, estan la Catedral Notre Dame y los Tribunales (Palais de Justice) que no pertenecen ni a la Rive droite, ni a la Rive gauche.
(2) Le fileteado est un art plastique populaire qui n’existe qu’à Buenos Aires. Il est l’identité visuelle de la cité. Pour connaître mieux cette spécificité, allez voir mes articles sur le fileteado et surtout visitez le site du Maestro Jorge Muscia, un maître de la discipline, qui a son atelier dans le quartier de San Telmo (voir son site personnel dans la rubrique Les artistes plastiques, dans la Colonne de droite).