Hier soir, dans le studio de ADN Tango, Claudio Tagini recevait une lointaine parente de Carlos Gardel, surnommé el Zorzal Criollo (en français on dirait "le Rossignol sud-américain").
Cette dame, qui est elle-même grand-mère de 11 petits-enfants, cherche à faire reconnaître l’identité de celui qu’elle croit être le père du chanteur qui, comme j’ai eu l’occasion de l’exposer il y a quelques jours, est, en Argentine et dans toute l’Amérique du Sud, bien plus qu’un chanteur, un mythe, voir mon article de janvier 2009 à ce sujet).
Helena Irene Gardés appartient à la même famille que Berthe Gardes (Toulouse, 1865 - Buenos Aires, 1943), la mère de Carlos Gardel (Toulouse, 1890-1935, Medellín), dont -il est bon de toujours le garder à l’esprit- personne ne dispose d’aucune preuve sur l’identité du père.
La partition de Volver dans la rue Zelaya, dans le quartier de l'Abasto, à Buenos Aires en aoôt 2007.
(cliquer sur l'image pour la voir avec une meilleure résolution)
Sur l'identité du père de Gardel, trois thèses sont en présence. Il s’agit bien (j’insiste) de thèses.
L’une a été rejetée par deux fois par la justice, à Montevideo et à Buenos Aires, en 1935. Elle fait naître le chanteur dans la ville (ou le département) de Tacuarembo, au nord de l’Uruguay, de parents à l’identité fort mystérieuse. Il convient de s’y arrêter un peu car elle constitue la toile de fond de toute l’émission d’hier...
L’une a été rejetée par deux fois par la justice, à Montevideo et à Buenos Aires, en 1935. Elle fait naître le chanteur dans la ville (ou le département) de Tacuarembo, au nord de l’Uruguay, de parents à l’identité fort mystérieuse. Il convient de s’y arrêter un peu car elle constitue la toile de fond de toute l’émission d’hier...
En Uruguay, en s’appuyant sur les papiers d’identité trouvés sur le corps de Gardel, le 24 juin 1935, certaines franges de la population croient, dur comme fer, que Gardel est le fils d’un officier supérieur et le fruit de ses amours ancillaires et/ou adultérines. Dans tous les cas, la naissance était illégitime (1) et, pour des raisons assez obscures, il aurait fallu cacher l’existence du bébé. C’est pourquoi on l’aurait confié à une Française de passage dans les parages, Berthe Gardes, qui l’aurait élevé comme le sien à... Buenos Aires.
Dans cette version non documentée (ni photo, ni échange épistolaire, ni témoignage oculaire, ni document d’Etat-civil valide, pas même la moindre trace dans des registres paroissiaux...) ou appuyé sur des éléments contestés et contestables (certificat de naissance reconnu nul pour vice de forme par la justice uruguayenne en 1935 ou extrait de registre d’Etat Civil, découvert seulement dans les années 70 et dont les données ne correspondent pas à celles des papiers d’identité du chanteur), dans cette version donc, la date de naissance de Gardel varie sur une amplitude d’une dizaine d’années (selon que l’on veut ou non tenir compte des documents du port de Buenos Aires, que l’on veut ou non intégrer une peine carcérale purgée par un certain Gardel au bagne d’Ushuaïa...), l’identité des parents et leur statut social respectif change selon les auteurs et la figure de Berthe Gardes est fort mise à mal.
Cette version, qu’on appelle en Argentine "la version uruguayenniste" (et non pas la version uruguayenne, la nuance est d’importance), fait de Berthe Gardes, au mieux, une chanteuse de cabaret travaillant à Montevideo (au Moulin Rouge entre autres, l’établissement fondé par le père du compositeur de la Cumparsita) (2), au pire, une prostituée (3). Vous imaginez si, de l’autre côté de l’estuaire, les Argentins acceptent que l’on crache comme ça sur les cheveux blancs de la dame qui repose aux côtés de Gardel, au cimetière de la Chacarita, et qui est vénérée à Buenos Aires à l’égal d’une sainte.
La figure de Berthe Gardés est sans doute le point le plus difficile à glisser dans la thèse uruguayenniste.
Les hypothèses qui vont dans le sens de cette thèse sont toutes très offensantes pour sa mémoire. De plus, la figure de cette dame, modeste et très digne, résiste solidement à tous ces coups de boutoir : rien dans ces hypothèses ne colle avec ce que l’on sait d’elle par ailleurs. La vie de Doña Berta, comme l’appellent les Argentins, est fort bien documentée : on dispose de beaucoup de choses sur elle, sur sa personnalité et sur sa vie : archives administratives tant en France qu’à Buenos Aires, abondante correspondance épistolaire notamment avec une cousine qui fut la confidente de toute sa vie, une montagne de photos et de témoignages de gens qui l’ont côtoyée et bien connue, des interviews qu’elle-même donna après la disparition de son fils...
Et rien dans tout cela ne démontre que Berthe Gardes ait jamais vécu et travaillé en Uruguay et surtout pas vers 1890, ni avant ni après, époque où sa présence est incontestablement attestée à Toulouse. Enfin, il se trouve qu’elle n’a jamais refait sa vie, ni du vivant de Gardel ni après sa mort, ni en France ni en Argentine, où on ne lui connaît pas la moindre aventure sentimentale (4). On n’a guère de mal à imaginer que s’il y avait le plus petit indice de la plus insignifiante amourette, les tenants de la thèse uruguayenniste se feraient un devoir d’en tirer aussitôt parti et de monter cette anecdote ou cette rumeur en épingle. Or rien de rien...
La vie simple et rude d’une femme du peuple, travaillant comme blanchisseuse et consacrant ses forces et ses maigres moyens à élever de son mieux, seule, un gamin gentil et affectueux, pas mauvais à l’école et doté très jeune d’un joli brin de voix, juste un peu difficile à l’âge de l’adolescence mais ni plus ni moins que la majorité des adolescents de son milieu social à cette époque-là...
En outre, à l’encontre de la version uruguayenniste, il y a aussi, pour l’esprit cartésien et l’historien rigoureux, deux obstacles difficilement franchissables :
a) au début de leur carrière en duo, Carlos Gardel et José Razzano (dont il est attesté qu’il est, lui, né à Montevideo en 1887) reçurent le surnom de "El Morocho y el Oriental" (le brun et l’Oriental). Oriental, c’est un adjectif qui autour du Río de la Plata est synonyme d’uruguayen. Aussi pourquoi aurait-on distingué ainsi ces deux chanteurs s’ils avaient tous les deux été uruguayens de naissance ? Pourquoi, dans son enfance et son adolescence, est-il attesté que Carlos Gardel était surnommé "el Francesito" ? Pourquoi, sur le registre de police de 1905, est-il noté qu’il est français, lorsque la police l’a arrêté après une fugue dans la banlieue de Buenos Aires ?
b) Après la mort de Gardel, l’Uruguay et l’Argentine ont tous deux réclamé le corps à la Colombie pour une inhumation sur la terre légitime. Dans ce cadre, l’Uruguay a contesté l’authenticité du testament déposé par Gardel en novembre 1933 dans une étude notariale de Buenos Aires (voir mon article, déjà cité plus haut, Carlos Gardel, plus qu’un chanteur, un mythe). Il y a eu procès à Montevideo et à Buenos Aires. Au cours de ces procès, jamais personne ne s’est présenté en Uruguay (ni en Argentine) pour attester avoir été témoin de la naissance de cet enfant (or les faits remontaient à moins de 50 ans), aucun curé, aucun sacristain, aucun ancien enfant de choeur n’a sorti de sa manche un acte de baptême ou d’ondoiement, pas une matrone n’a donné signe de vie, pas un homme n’est venu dire être le père, le frère, le demi-frère, l’oncle ou le cousin uruguayen de Gardel (aucun témoignage féminin non plus). Et pourtant, il y avait un petit paquet de prestige et... d’argent à la clé !
Au grand agacement d’une immense majorité d’Argentins, cette thèse, malgré ses incohérences, est toujours soutenue du côté oriental par beaucoup de gens, éminents, pas juste une poignée de farfelus un peu folkloriques, non ! Des intellectuels, des artistes, des diplomates, des politiques... avec une persévérance et une énergie qui forcent le respect, à défaut d’emporter la conviction rationnelle et logique, et qui agace, exaspère, voire révulse un bon nombre d’Argentins. Aucun des arguments rationels (aucun de ceux que je présente par exemple dans les notes du présent articles) ne peut ébranler un tant soit peu cette conviction. Quelque chose se joue là qui dépasse et de beaucoup ce que nous autres Européens pouvons comprendre et à quoi nous pouvons adhérer. On touche là à un mythe authentique dont nous devons nous garder de rire grassement (5), quelque invraisemblable que puisse nous paraître cette théorie ou plutôt ce corpus de théories.
De l’autre côté, dans la version historique (6), qui fait naître Carlos Gardel à Toulouse le 11 décembre 1890, qui est aussi la version reconnue par les justices argentine et uruguayenne, il existe deux hypothèses d’identité du père, qui ne jouissent pas de la même cote d’amour auprès des tangueros et des critiques.
La plus appréciée, la plus répandue, la plus acceptée de ces deux théories, en Argentine, en Amérique Latine mais aussi en France, se fonde sur une anecdote racontée par un journaliste qui disait la tenir d’un ami de Gardel et de rares déclarations de certains membres d’une famille toulousaine, les Lasserre, et cette anecdote et ces déclarations laissent entendre que le père de Carlos Gardel aurait été un certain Paul Lasserre (Toulouse, 1867 - ibidem, 1921).
Ce monsieur, c’est tout le contenu de l’anecdote, aurait voulu reconnaître sa paternité après la guerre de 14-18. Il aurait donc rendu visite à Berthe Gardes, sans doute à Buenos Aires, pour lui proposer de leur donner son nom, à elle et à son fils. Berthe aurait répondu n’avoir besoin de rien (en 1918-1921, Carlos Gardel était déjà un artiste reconnu à Buenos Aires, il gagnait confortablement sa vie et sa réussite rejaillissait largement sur sa mère, qui sans doute se faisait passer pour veuve auprès du voisinage. Donc une telle reconnaissance de paternité leur aurait peut-être même plutôt compliqué l’existence, à elle comme à son fils, qui cherchait à cette époque à obtenir des papiers argentins sans faire apparaître sa nationalité française. Voir mon article cité plus haut). Berthe aurait néanmoins consulté son fils qui aurait rejeté lui aussi la proposition d’une phrase assez sèche : "Moi non plus, je n’ai besoin de rien". On fait plus aimable comme réponse à son papa !
Dans la version Lasserre, les dates et les lieux concordent très bien et la plupart sont bien établis. Deux points restent flous :
a) On n’a pas trace de ce voyage de Paul Lasserre à Buenos Aires. Aurait-il revu Berthe lors d’un des séjours qu’elle fit à Toulouse dès la paix revenue ? Cela paraît possible. Mais alors Gardel, sa phrase pas très aimable pour son géniteur, il l’aurait prononcée au téléphone ? A une époque où ce moyen de communication n’était tout de même pas monnaie courante.
b) Ni Berthe Gardes ni Paul Lasserre n’étaient mariés en 1890. Alors pourquoi n’ont-ils pas "réparé" leur faute, selon le vocabulaire de l’époque ? Pourquoi ne se sont-ils pas mariés ? Rien dans ce que l’on sait d’eux ne permet d’imaginer qu’il y ait eu à ce mariage un empêchement quelconque : ils étaient de même condition sociale, d'âges raisonnablement assortis, même s'il avait deux ans de moins qu’elle, ce qui n’est certes pas courant mais ne constituait pas un obstacle infranchissable dans les conventions de l’époque...
Bizarre, bizarre, comme dirait l’autre...
Helena Irene Gardés, l’invitée de Claudio et Marta sur Radio Sentidos, est, elle, l’arrière-petite-fille d’un cousin germain de Berthe Gardés, un certain Joseph Gardes, dont on parle beaucoup moins dans les milieux initiés aux mystères gardéliens et qui, en 1890, aurait été séminariste. Ce qui ne l’a pas empêché par la suite de se marier et de fonder une famille, sinon on ne serait pas là à discuter de tout ça.
En 2003, Helena Irene Gardés, qui est argentine, a publié un livre où elle se fait écho de cette autre version, celle qui fait moins recette (pourquoi ? mystère !) et qui est celle qui s'est ancrée de génération en génération dans cette branche de la famille Gardes dont une partie s'est installée en Argentine et selon laquelle Gardel serait donc le fruit d’amours défendues mais passionnées et sincères entre notre séminariste et sa cousine.
La publication du livre a valu à son auteur de véritables volées de bois vert de la part de plusieurs journalistes, critiques et commentateurs, dont, vous vous en doutez bien, ni Claudio ni Marta ne font partie. Tant Clarín que Página/12, deux quotidiens portègnes qui font autorité pour leur intégrité intellectuelle, lui sont tombés dessus à bras raccourcis, allant jusqu’à l’accuser d’imposture (elle n’aurait, selon eux, aucun lien de parenté avec Gardel ni avec sa mère !) et de vouloir s’enrichir avec son ouvrage (pour s’enrichir, il y a peut-être en Argentine des moyens plus efficaces, reconnaissons-le).
Gardel, terrain miné ! Attention où vous posez les pieds...
Beaucoup de gens à Buenos Aires et au-delà de l’Argentine, en particulier à Medellín où il est mort, se sont construit leur version de l’histoire, ils se la sont appropriée dans un phénomène d’identification qui ne laisse pas de nous étonner, nous, en Europe. Touchez-y et ça explose !
Le fait est que l’ouvrage, Carlos Gardel y la raiz de mi genealogia, ne repose que sur une tradition familiale orale mais l’auteur le sait, le reconnaît, le regrette et déclare ne pas ménager ses efforts pour chercher des documents, des preuves écrites et donc historiques de ce qu’elle avance. Elle est même allée jusqu’à faire une démarche ultra-officielle, qui s’est depuis perdue dans les sables du désert de l’administration argentine : solliciter auprès de la Casa Rosada (du temps de Néstor Kirchner) des tests ADN sur les restes de Carlos Gardel et de sa mère et sur elle-même et sa famille. Il est néanmoins douteux qu’elle obtienne jamais satisfaction.
La justice argentine a déjà été saisie d’une semblable demande : c’était un lobby uruguayenniste qui voulait prouver que Gardel n’était pas le fils de Berthe. Ils se sont fait débouter avec pour principaux motifs l’autorité de la chose jugée (un bon point pour la démocratie) et des considérations d’ordre public (pour beaucoup d’Argentins, une telle exhumation et un tel examen, ce serait une profanation et ce n’est peut-être pas la peine de jouer avec ça pour prouver ce que tous les Argentins savent déjà : Gardel est né à Toulouse de père inconnu et il est le fils de Berthe Gardes. Fermez le ban !).
Quelques personnalités soutiennent néanmoins Irene dans ses démarches. C’est le cas du grand journaliste et remarquable expert en matière de tango qu’est Antonio Carrizo et du bandonéoniste Miguel Bonano, dont vous entendrez parler en écoutant l’émission.
Par ailleurs, en écoutant moi-même cette interview ce matin, il m’a semblé entendre en filigrane les échos d’un vrai drame psycho-sociologique (peut-être une projection de ma part, à vous de vous faire votre propre opinion).
Dans cette branche de la famille Gardes, on dirait qu’il faut réparer deux blessures narcissiques transgénérationnelles, celles laissées par les deux fautes originelles qu’ont pu être la maternité bâtarde de la cousine Berthe et l’abandon de la prêtrise par l’arrière-grand-père Joseph. Un moment donné dans l’émission, Irene Gardés en appelle même directement à Jésus Christ, avec une profession de foi mystique, très respectable, sensée et pas du tout illuminée, mais qui n'a rien à faire dans un débat juridico-historique où l'on réclame des preuves par l’analyse ADN. Le titre qu’elle a choisi pour son livre (la racine de ma généalogie) n’est pas anodin non plus car enfin son arrière-grand-père, qui a bien dû avoir des parents lui aussi, n’est pas le début absolu d’une lignée. Sauf s’il était destiné à ne pas avoir d’enfants et qu’il en a eu, auquel cas Gardel prend place peut-être en effet au niveau des "racines" généalogiques.... Cette sensation de drame intime peut avoir indisposé la presse. Il y a des gens qui n'aiment pas ressentir (à tort ou à raison) ce genre d'étalage et qui ont eux mêmes un problème à régler avec le divan de Papa Freud (surtout à Buenos Aires qui est l'une des grandes capitales de la psychanalyse).
Force est de constater que Irene Gardés consacre à son combat beaucoup d’énergie, au point que son propre fils, elle le dit dans l’émission, cherche parfois à la retenir, à l’apaiser : "Puisque nous dans la famille, on le sait, puisque nous ne pouvons pas en douter, ne va pas te rendre malade pour ça...". Son combat, la ferveur de sa parole n’ont pas pu ne pas me faire penser à l’engagement de Denis Le Her-Seznec, le petit-fils de Guillaume Seznec (7) qui a misé toute sa vie sur la réhabilitation de la mémoire de son grand-père. Cette émission d’ADN Tango est en cela très troublante et très émouvante.
Mais l’émotion ne fait pas la vérité historique.
Dans l’autre branche de la famille Gardes, celle de Jean-Marie Gardes, le frère aîné de Berthe, la situation semble avoir été bien différente. La recherche de l’identité du père de Gardel, donc de l’amant de Berthe, ne semble pas y avoir été très prégnante. Il faut dire que s'il y a eu, de ce côté-là aussi, deux fautes originelles, toutes les deux ont été tragiquement couvertes par la mort glorieuse des enfants issus de ces fautes.
Charles Carichou, auquel Gardel dût sans doute son premier prénom, fils illégitime de la mère de Berthe et de Jean, conçu hors mariage et né au Venezuela, en 1876, loin des cancans toulousains, est mort pour la France, sur le front de la seconde bataille de la Marne, le 11 octobre 1918. Il avait 42 ans et il avait fait toute la guerre. Et c’est peut-être le chagrin de cette mort qui a réconcilier Berthe avec ses proches avec qui la naissance de son fils l'avait fâchée.
L’autre enfant de la faute, Carlos Gardel lui-même, on sait comment il a trouvé la mort, à Medellín le 24 juin 1935.
Comme l'écrit Horacio Ferrer dans un très beau livre consacré au mythe de Gardel dans Buenos Aires (Buenos Aires es Gardel, Elogios al Rey del Tango, Ed. Atlantida, 1995) :
El 24 de junio de 1935, la única experiencia que le quedaba por vivir era morir, y renacer.
Horacio Ferrer
Le 24 juin 1935, la seule expérience qui lui restait à vivre, c’était mourir et renaître.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour ceux que ce sujet passionne, vous pouvez bien sûr essayer de vous procurer le livre de Irene Gardés mais cela ne doit pas être facile (et attention : c’est en espagnol !).
Vous pouvez aussi vous reporter aux articles (très critiques), parus à son sujet, dans Clarín, Página/12 et Los Andes en cliquant sur ces liens (ou en retrouvant ces liens sur le blog de ADN Tango).
Vous pouvez également aller consulter l’abondante documentation critique (en espagnol) présentée par Todo Tango sur cette question (Todo Tango réfute systématiquement la thèse uruguayenniste, les Argentins aiment bien polémiquer là-dessus avec les voisins).
Vous pouvez aussi visiter Bricheteau-carlos-gardel, le site de Madame Bricheteau, une universitaire française, auteur de recherches généalogiques sur la parenté en ligne directe de Berthe Gardes. Son site regorge de photos très intéressantes sur toute la famille, proche et un peu plus lointaine de Gardel, et penche pour la thèse Lasserre. Je n’ai même vu aucun document sur Joseph Gardes.
Vous pouvez aussi vous reporter, avant ou après avoir écouté l’émission, sur le blog de ADN Tango déjà cité. Vous trouverez la page d’ADN Tango (le nom est vraiment à double sens aujourd’hui) dans la rubrique Ecouter des liens externes de Barrio de Tango (sur la droite de votre écran, dans la partie inférieure de la Colonne de droite). Une fois sur le site de l’émission,cliquez sur le mot blog pour ouvrir le blog et sur les deux petits écouteurs pour accéder au son.
Les articles concernant Carlos Gardel (y compris celui-ci) sont accessibles en cliquant sur le raccourci portant son nom dans la rubrique Les artistes, dans la partie supérieure de la Colonne de droite.
Les articles sur les émissions de radio sont disponibles sous le raccourci présent dans la rubrique Tangoscope. Attention : les émissions passées de Radio Sentidos ne sont plus accessibles en audio. Restent les entrées sur le blog ADN Tango en espagnol et sur Barrio de Tango en français.
(1) Ce qui ne colle pas avec les papiers de Carlos Gardel, ceux qu’on a trouvé sur lui à sa mort, avec lesquels il passa toutes les frontières à partir de 1924 et qui nomment pour ses parents un couple marié uruguayen, Carlos et María Gardel. A noter que Berthe Gardés s’appelait de son nom complet Marie Berthe Gardes...
(2) Ce qui a le mérite de tout intégrer en un seul morceau : on récupère Carlos Gardel du côté uruguayen et on souligne à triple trait que la Cumparsita, l’hymne national de la République du Tango, est l’oeuvre d’un Uruguayen, et pas d’un Argentin. Et pan sur le bec pour les Argentins, qui en ont autant au service des Uruguayens...
(3) Et là, la rationalité cartésienne (qui est la mienne) se cabre : comment un honorable officier supérieur ou un non moins honorable propriétaire terrien de la république uruguayenne aurait-il confié son enfant, même bâtard, même non reconnu, à une prostituée ? Quel père ou quelle mère confierait son enfant à une prostituée dans le monde judéo-chrétien ? Et qui plus est, vers 1890 !
(4) Et Dieu sait comme, avec le peu de femmes qui vivaient à Buenos Aires quand elle a débarqué avec son bébé de 2 ans dans les bras, mignonne comme elle était, elle n’a pas dû manquer de soupirants...
(5) D’autant qu’un certain nombre d’Argentins font ça très bien tout seuls. Faites gaffe, n’allez pas prendre une balle perdue !!!! On frôle le casus belli à chaque sortie de bouquin ou d’article.
(6) historique parce qu’elle est attestée par des documents écrits contemporains des faits.
(7) A l’intention des lecteurs non français qui ne savent rien de l’affaire Seznec : Guillaume Seznec a été condamné en France, en 1924, au bagne à perpétuité pour le meurtre de Pierre Quémeneur, un notable local dont on n’a jamais retrouvé le corps. Guillaume Seznec a toujours affirmé qu’il était innocent et il s’est tenu à ses déclarations de 1924 jusqu’à sa mort en 1954, avec une constance sans faille. Il est avéré que le principal enquêteur, un certain inspecteur de police devenu par la suite commissaire, Pierre Bonny, était un fonctionnaire corrompu, il a d’ailleurs été condamné à mort et exécuté après la seconde guerre mondiale pour faits de collaboration avec l’ennemi. Le petit-fils de Guillaume Seznec, Denis Le Her-Seznec, remue ciel et terre pour obtenir de la Justice que son grand-père, qui n’aurait jamais dû être condamné en l’absence et d’aveux et de preuve du meurtre (pas de cadavre ni d’arme du crime), soit blanchie. A ce jour, la condamnation n’a toujours pas été levée ni invalidée.