mercredi 4 mars 2009

Le 8ème Davos du Tango [à l’affiche]

Affiche tirée du site de la ville de San Carlos de Bariloche

Non mais qu’est-ce que vous croyez ? Bien sûr que le tango argentin a son G8, son Davos et son sommet alter-mondialiste tout ensemble et même son assemblée plénière des Nations Unies... Il ne manquerait plus qu’il soit le seul à ne pas avoir sa rencontre au sommet.

Même que c’est la huitième fois que l’événement a lieu.

Et cette année, cette rencontre internationale, baptisée Cumbre Mundial del Tango (je vous jure que ce n’est pas des blagues !) se tient dans une station de sport d’hiver pré-andine très renommée sur tout le continent sud-américain, San Carlos de Bariloche, dans la Province de Río Negro, au nord de la Patagonie. La ville compte 130 000 habitants et se situe à plus de 1600 km de la capitale fédérale. Elle est très appréciée des nordistes, des Portègnes et des Bonaerenses qui aiment venir y faire du ski... quand ils en ont les moyens (pour ne rien dire des Brésiliens ou des Uruguayens). Mais ce n’est pas encore l’heure des skis, nous ne sommes qu’à la fin de l’été et c’est pour une foule de tangueros venus du monde entier que la ville s’apprête à mettre les petits plats dans les grands dès le 5 mars et jusqu'au 14. Tous les domaines du tango seront représentés : la danse, la musique, la poésie, le disque, le livre, le cinéma, la production de spectacles, la presse... Et une trentaine de villes du monde entier vont participer.

Ce Sommet Mondial du Tango s’ouvrira le jeudi à 19h par une soirée privée, réservée à la presse et à une large liste d'invités, à l’hôtel Llao-Llao, avec la participation des Maestros Horacio Ferrer, Président-fondateur de la Academia Nacional del Tango, Raúl Garello, Directeur-fondateur de la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires, représentant tous deux Buenos Aires, la chanteuse japonaise Anna Saeki (représentant Tokyo) et le couple de danseurs Pablo Contreras et Cynthia Palacios, champions patagoniens de tango de scène (représentant la ville de General Roca, dans la province de Río Negro) (1).

Les mêmes se retrouvent à 21h au cinéma Arrayanes pour un concert inaugural placé sous la responsabilité des deux Maestros.
Aux artistes déjà nommés se joindront le groupe de Graciela Novellino (chanteuse) accompagnée de Roberto Tormo à la contrebasse et de Diego Rapoport au piano (des artistes originaires de Bariloche), le couple de danseurs, Edwin et Lina, de Cali en Colombie, et le chanteur (et compositeur) Hernán Genovese (Buenos Aires). Le site Web 10tango annonce aussi, en plus de ces artistes inscrits au programme officiel (bouclé il y a quelque temps déjà) le chanteur Caracol, le Maestro Néstor Marconi (bandonéoniste, compositeur et chef d’orchestre, directeur de la Orquesta Escuela de Tango Emilio Balcarce et co-directeur de la Orquesta de Tango de la Ciudad de Buenos Aires depuis le début 2008), et le Quinteto Típico féminin China Cruel.

Le lendemain, c’est le premier jour à proprement parler et le programme est chargé...

A l’heure du déjeuner, il est prévu un Tango en las nubes (Tango dans les nuages). Tout le monde emprunte le téléphérique pour aller déjeuner à 13h dans une confitería giratoria (un restaurant panoramique monté sur une plateforme qui tourne) et à 14h, aura lieu un concert de la chanteuse Marisa Vázquez, de Buenos Aires. Deux couples de danseurs, Tango Vivo, de Cali en Colombie, participeront à cette fête.

Le soir, à 21h, concert au cinéma Arrayanes avec Roberto Rimoldi Fraga de Buenos Aires, le groupe Paola Schiavoni - Ariel Ascheri de Bariloche (une chanteuse accompagnée d’un guitariste, d’un pianiste et d’un contrebassiste), les danseurs John et Sofiani, de Caracas, capitale du Venezuela, le duo Kohan-Solare baptisé Tango Nomade, de Brême, en Allemagne, et Genève, en Suisse, et la Orquesta de la Ciudad de Córdoba (Argentine), placée sous la direction du Maestro Osvaldo Piro.

A 21h30, au Salón Araucania, commence un autre concert : Tango en concierto de cámara où se produira un quintette à cordes de Tenerife (Espagne), composé de deux violons, un alto, un violoncelle, un contrebasse et un chanteur.

A 22h, à Rincón Patagónico, aura lieu le dîner inaugural où les délégations seront officiellement reçues. Le concert permettra d’applaudir le Bariloche Tango Sexteto, le Ballet Folklorico Tolkeyen (de Bariloche aussi), le chanteur de folklore Roberto Rimoldi Fraga (qui se sera déjà produit, une heure avant, au cinéma Arrayanes) et un ensemble tokyoïte baptisé 2x4 Tokyo (chanteur, contrebasse, piano et violon).
Enfin une milonga conclura cette première journée à la Discoteca By Pass, avec Omar Viola, le DJ de Salón Caning, une célèbre milonga du centre de Buenos Aires. Il y aura de la musique vivante (plusieurs orchestres sont inscrits, dont un de San Luis, en Argentine) et diverses exhibitions de danseurs.

Dans la journée, tout un programme d’échanges, de rencontres, ce que le programme rassemble sous le vocable d’activités parallèles, est prévu avec vernissage de plusieurs expositions d’art, des cours de tango (danse), le lancement d’un concours d’écriture de letras de tango, une scène ouverte entre 12 h 30 et 14 h pour des musiciens et des danseurs (2) et à 18h, dans la biblioteca Sarmiento, une première rencontre de poètes avec une conférence d’ouverture par le Maestro Horacio Ferrer, une lecture par les auteurs Carlos Andreoli (qui est aussi chanteur) et Marta Pizzo (poétesse, narratrice et éditrice) et la présentation d’un livre de Ana Jaramillo intitulé Tango, vida y pasión de las dos orillas (Tango, vie et passion des deux rives, sous entendu du Río de La Plata) (3).

Le programme complet est disponible sur le site des Sommets mondiaux du Tango (Cumbredeltango).

La Ville de San Carlos de Bariloche sur le Web.

Quelques uns de ces artistes sur le Web :
Plusieurs d'entre eux figurent déjà dans les liens aux sites extérieurs dans la Colonne de droite de Barrio de Tango, dans les rubriques Les Troesmas et Grillons, zorzales et autres cigales.

Anna Saeki sous ce lien.
Tango Nomade sous celui-ci.
Le chanteur Caracol sur You Tube sous ce lien.
Le blog de la chanteuse Marisa Vázquez (lavazquez.blogspot).
Roberto Rimoldi Fraga sur You Tube ici.
Le blog de la poète Marta Pizzo : Puerto Palabra.
La page My Space de Carlos Andreoli sous le lien.

(1) Le Général Roca a dirigé ce qu’on a appelé dans les années 1870 la Campagne du Désert. La guerre d’extermination contre les Indiens dans les Provinces de Patagonie ! Le souvenir du Général Roca est un des plus ambigus qui soit dans l’histoire de l’Argentine indépendante.
(2) On appelle scène ouverte (escena abierta en espagnol) un moment où tous les artistes qui le veulent peuvent, dans un temps délimité mais égal pour tous, dire et montrer ce qu’ils veulent, à condition, généralement, de s’être inscrits à l’avance.
(3) Ce livre est illustré. Le nom donné par le programme officiel et que les rares articles d’Internet qui font déjà référence à l’ouvrage reprennent allègrement est celui d’un chanteur de Buenos Aires, doté de très nombreux talents (chanteur, compositeur et auteur) mais qui ne dit pas un mot sur son site des talents d’illustrateur qui lui sont ici prêtés. Aussi se peut-il que l’illustrateur de ce livre, que je n’ai pas eu en main, soit en fait un fileteador des plus controversés et des plus contestables, certes homonyme du chanteur (mais pour le patronyme seulement), peintre assez désagréable qui tente de ramener à lui (et y réussit parfois) tout l’art du fileteado, occupe l’espace médiatique et éditorial sans se laisser étouffer par le reste confraternel. Mais impossible de vérifier sur son site (j’ai tenté ma chance) car il n’y parle que des livres dont il est le seul auteur, alors qu’il a illustré à la chaîne des tas de trucs et dans tous les sens. Dans le monde tanguero, ce type est une espèce d’ovni comportemental trop proche pour être honnête de notre propre modèle de show-business où les basses manoeuvres de rivalité l’emportent et largement sur l’amitié, la loyauté et la solidarité que les vrais artistes du tango cultivent entre eux à Buenos Aires avec un soin farouche et persévérant. Je garde néanmoins un doute parce que je ne crois pas qu’Horacio Ferrer aimerait beaucoup que son nom côtoie celui de ce bonhomme. Or dans le doute abstiens-toi. Si un jour, je tombe sur ce bouquin, je viendrais corriger cet article en indiquant qui en a réalisé effectivement les illustrations.