Un choix de villancicos argentins, signés par quelques grandes plumes du pays, Cátulo Castillo (grand poète et non moins grand compositeur de tango, né en 1906 et décédé en 1975, qui fut l'un des grands présidents de la Sadaic), le folkloriste mondialement connu, auteur-compositeur-interprète et guitariste, Atahualpa Yupanqui (Pergamino, Pr. de Buenos Aires 1908 - Nîmes, en France, 1992) et l'historien, homme politique radical et parolier de chansons Felix Luna (né à Buenos Aires en 1925).
Ces villancicos font partie du disque Navidad 2000 Los Arroyeños, chez Epsa, Buenos Aires 1997, conçu et enregistré par quatre chanteurs-instrumentistes : Miguel Angel Inchausti (pianiste et ténor), Gustavo Santa Coloma (guitariste et baryton), Fernando Collados (charanguiste, guitariste et tenor, le charangua est un instrument amérindien à cordes pincées, comme la guitare) et Luis Araujo (percussioniste et basse).
En un burrito orejón (Sur un petit âne à grandes oreilles)
Zamba, de Víctor Schlichter et Cátulo Castillo (1)
No llores más vida mía
Que llega la Navidad
San José con María vendrán
Con un burro orejón
Cargadito de turrón
San José con María vendrán
Y en un burro orejón
Por aquí pasarán.
En pleure pas, mon chéri
Car Noël arrive
Saint Joseph et Marie viendront
avec un âne aux grandes oreilles
tout plein chargé de turron (2)
Saint Joseph et Marie viendront
et sur un âne aux grandes oreilles
ils passeront par ici.
No llores más mi guaguita
Que estoy amasando el pan.
Mazapán con miel y humita fiel
Calentita en la sartén.
Vendrán en un burrito
Caminito por Belén
Amados los dos amados
Amados del Niño Dios.
Por aquí vendrán
Y te besarán
Corazón de mazapán.
Ne pleure pas, mon bébé mignon,
car je suis en train de pétrir le pain.
De la pâte d'amande au miel et la bonne humita (2) toute chaude dans la poêle.
Ils viendront sur un petit âne
en chemin pour Bethléem.
Tout aimés tous les deux, tout aimés
Aimés par l'Enfant Dieu.
Ils viendront par ici
et ils t'embrasseront
Mon petit cœur en sucre (2).
(Traduction Denise Anne Clavilier)
El niño duerme (L'enfant dort)
Arrullo (berceuse) Atahualpa Yupanqui
La noche con la espumita del río
Te está tejiendo un encaje, mi niño.
La nuit avec l'écume du fleuve
est en train de te tisser un tricot, mon enfant.
Quiero la estrella del cielo más bella
Para hacerte un sonajero, mi niño.
Je veux l'étoile du ciel la plus belle
pour te faire un hochet, mon enfant.
El niño se está dormiendo sonriendo
Ah ah mi niño
L'enfant s'est endormi en souriant.
Mon enfant, mon enfant.
Que bello mundo es tu mundo mi niño
Ah ah mi niño
Quel beau monde est le tien, mon enfant
Mon enfant, mon enfant...
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Navidad en verano (Noël en été),
Canción, Ariel Ramírez et Felix Luna
Mi Navidad está metida en el verano
No tiene pinos ni la nieve le da luces;
Mi Navidad con el calor va de la mano
Y un dulce olor a sidra y a pan dulce...
Mon Noël est fourré en été
Il n'a pas de pin, et la neige ne lui donne pas son éclat ;
Mon Noël va main dans la main avec le temps chaud
et une odeur sucrée de cidre et de pan dulce... (2)
Paz a todos los hombres
Paz en la tierra,
En mi tierra caliente
Y en la que nieve
Paix à tous les hommes
Paix sur la terre
Sur ma terre chaude
et sur celle où il neige
Sur ma terre chaude
et sur celle où il neige
Mi Navidad no viene nunca en un trineo
Papá Noel en esta tierra es un extraño
Mi Navidad es el jazmín de fin de año,
Es la felicidad que te deseo.
Mon Noël en vient jamais en traîneau
Le Père Noël sur cette terre est un étranger (3)
Mon Noël c'est le jasmin de la fin d'année,
C'est le bonheur que je te souhaite...
(Traduction Denise Anne Clavilier)
(1) Une zamba est une danse et une musique folklorique des provinces nord de l'Argentine, apparentée à la samba brésilienne.
(2) Turrón, sidra, mazápan et pan dulce :
les spécialités gastronomiques de Noël enArgentine et en Uruguay.
Le turrón est celui apporté par les immigrants de la côte du Levant espagnol (Alicante, Jijona, Valencia, les marques 1880, El Almendro, La Jijonenca par exemple), plus que les tourons fabriqués en Catalogne et au Pays Basque (surtout du côté français). Les Italiens aussi, qui représentent 50% de l'immigration des années 1880 à 1930, ont, dans les régions de Florence et de Turin, un torrone qui se situe entre le nougat de Montélimar et le turrón duro (appelé aussi turrón de Alicante ou Torta Imperial) et le Panforte de Sienne, qui ressemble aussi à certaines spécialités de l'Espagne intérieure.
La sidra : le cidre est arrivé dans le sillage des Navarrais et des Galiciens. La plupart des cidres dans le monde sont plutôt doux et sucrés. Le cidre breton en fera donc pas trop l'affaire en l'occurrence. Pour une table de Noël à l'Argentine, chercher des sidres espagnols (marque La Gaita, par exemple) ou certains cidres doux basques ou normands.
Le mazápan : pâte d'amande présentée sous forme de petits sujets. Une tradition espagnole. Voir les marques de turrón ou les tourons qu'on fabrique à Biarritz, en pays palois, dans l'ensemble des Pyrénées françaises. Certains massepains provençaux ou alsaciens peuvent faire l'affaire.
Le pan dulce : la version argentino-uruguayenne du Pannetone du nord de l'Italie, avec fruits confits et amandes. A défaut de cette version australe, un vrai Pannetone fera très bien sur la table (je vous donnerai bien la recette mais avec nos températures d'hiver, bonjour les consommations d'énergie pour mettre la pièce à la température suffisante pour faire monter comme il faut une pâte levée !). A défaut de Pannetone de Turin ou de Milan (les meilleurs aux dires des Italiens... du nord), et selon les régions, une brioche des rois conviendra à Bordeaux et dans toute l'Aquitaine (à condition de se passer de l'eau de fleur d'oranger et de mettre les fruits confits dans la pâte et pas dessus) ou un kouglehof en Alsace (il faudra juste utiliser un autre type de moule : un moule à brioche, rond et haut, façon cheminée). En Belgique, on doit pouvoir se débrouiller très bien avec un cramique à condition de lui ajouter des fruits confits et qu'il ne faille pas un vélo pour aller d'un raisin sec à l'autre.
Et pour achever tout à fait la touche criolla de votre table, vous offrirez aussi des cacahuètes caramélisées (ça, ce n'est pas un héritage de l'Europe) : on appelle ça des chouchous dans le Midi, des pralines dans le reste de la France...
(3) ce vers-là, c'est pour dire "US go home!" Parce que Santa Claus (le nom du Père Noël dans son pays d'origine, où il n'est rien d'autre que la version publicitaire que donna Coca Cola à la fin des années 20 à notre Saint Nicolas) a aussi envahi l'Argentine mais les Rois Mages ne s'en laissent pas compter et le tiennent en respect (comme en Espagne d'ailleurs).
Le turrón est celui apporté par les immigrants de la côte du Levant espagnol (Alicante, Jijona, Valencia, les marques 1880, El Almendro, La Jijonenca par exemple), plus que les tourons fabriqués en Catalogne et au Pays Basque (surtout du côté français). Les Italiens aussi, qui représentent 50% de l'immigration des années 1880 à 1930, ont, dans les régions de Florence et de Turin, un torrone qui se situe entre le nougat de Montélimar et le turrón duro (appelé aussi turrón de Alicante ou Torta Imperial) et le Panforte de Sienne, qui ressemble aussi à certaines spécialités de l'Espagne intérieure.
La sidra : le cidre est arrivé dans le sillage des Navarrais et des Galiciens. La plupart des cidres dans le monde sont plutôt doux et sucrés. Le cidre breton en fera donc pas trop l'affaire en l'occurrence. Pour une table de Noël à l'Argentine, chercher des sidres espagnols (marque La Gaita, par exemple) ou certains cidres doux basques ou normands.
Le mazápan : pâte d'amande présentée sous forme de petits sujets. Une tradition espagnole. Voir les marques de turrón ou les tourons qu'on fabrique à Biarritz, en pays palois, dans l'ensemble des Pyrénées françaises. Certains massepains provençaux ou alsaciens peuvent faire l'affaire.
Le pan dulce : la version argentino-uruguayenne du Pannetone du nord de l'Italie, avec fruits confits et amandes. A défaut de cette version australe, un vrai Pannetone fera très bien sur la table (je vous donnerai bien la recette mais avec nos températures d'hiver, bonjour les consommations d'énergie pour mettre la pièce à la température suffisante pour faire monter comme il faut une pâte levée !). A défaut de Pannetone de Turin ou de Milan (les meilleurs aux dires des Italiens... du nord), et selon les régions, une brioche des rois conviendra à Bordeaux et dans toute l'Aquitaine (à condition de se passer de l'eau de fleur d'oranger et de mettre les fruits confits dans la pâte et pas dessus) ou un kouglehof en Alsace (il faudra juste utiliser un autre type de moule : un moule à brioche, rond et haut, façon cheminée). En Belgique, on doit pouvoir se débrouiller très bien avec un cramique à condition de lui ajouter des fruits confits et qu'il ne faille pas un vélo pour aller d'un raisin sec à l'autre.
Et pour achever tout à fait la touche criolla de votre table, vous offrirez aussi des cacahuètes caramélisées (ça, ce n'est pas un héritage de l'Europe) : on appelle ça des chouchous dans le Midi, des pralines dans le reste de la France...
(3) ce vers-là, c'est pour dire "US go home!" Parce que Santa Claus (le nom du Père Noël dans son pays d'origine, où il n'est rien d'autre que la version publicitaire que donna Coca Cola à la fin des années 20 à notre Saint Nicolas) a aussi envahi l'Argentine mais les Rois Mages ne s'en laissent pas compter et le tiennent en respect (comme en Espagne d'ailleurs).