Une équipe d'archéologues vient de découvrir les fondations en briques et un petit bout du sol dallé du mythique Café de Hansen dans le quartier de Palermo (esquina Figueroa Alcorta y Sarmiento). L'emplacement de ce café était resté bien connu et en 1994, le site, un petit bout de pelouse coincé entre deux avenues à gros trafic, avait été déclaré d'intérêt culturel par le Gouvernement de la ville de Buenos Aires. Une plaque annonce aux passants : "Aquí se reunían músicos, cantantes y bailarines de tango que contribuyeron a popularizarlo". (Ici, se réunissaient des musiciens, des chanteurs et des danseurs de tango qui contribuèrent à le populariser).
Le café, fondé et tenu par un immigré appelé, pour autant qu'on le sache, Jan Hansen, pour les uns un Allemand (nationalité indiquée par le site Web de Buenos Aires), pour les autres un Scandinave, sans doute un Danois, selon la version la plus couramment reçue (1), fonctionna dans le Parque del 3 de Febrero (Parc du 3 Février) de 1877 à 1912.
Le payador Angel Villoldo, dont on dit qu'il fut le père du tango (ceq ui est très surfait mais contient une petite part de vérité), les musiciens et compositeurs de la Guardia Vieja que furent le bandonéoniste Eduardo Arolas, le pianiste Agustín Bardi, le violoniste David Roccatagliata, les pianistes Rosendo Mendizábal et Roberto Firpo et sans doute aussi le violoniste Francisco Canaro, dit Pirincho, y jouèrent. Un chanteur comme Pascual Contursi (1888-1932) y réalisa peut-être quelques tours de chant a la gorra On est à peu près sûr que le grand danseur El Cachafaz, de son vrai nom Ovidio José Bianquet (1885-1942), y a acquis une bonne partie de sa prestigieuse réputation de virtuose de la piste, même si Jorge Luis Borges affirme que personne n'a jamais dansé à Lo de Hansen (chez Hansen), qu'u public de la meilleure société s'y réunissait pour y écouter de la musique... Mais Borges s'est inventé sa propre histoire de Buenos Aires, il s'est aussi inventé une biographie de Evaristo Carriego bien à lui et un archétype de titi de Buenos Aires, avec un ton si magistral et une plume si sûre qu'il nous fait prendre ses désirs pour la réalité (et en matière d'histoire du tango en particulier, cet art avec lequel il entretenait une relation des plus ambiguës). Il est aussi très vraisemblable que le poète Evaristo Carriego (1883-1912) a fréquenté ce café, y a peut-être même écrit certains de ses vers ou l'une ou l'autre de ses scènes de théâtre. Grand inspirateur de Borges, de Manzi et de la majorité des grands poètes du tango d'aujourd'hui (Luis Alposta, Horacio Ferrer, Héctor Negro, Alejandro Szwarcmann... qui ont été éduqués en poèsie par ses oeuvres...) Evaristo Carriego a beaucoup chanté Palermo du temps où ce quartier était encore un quartier populaire (ce qu'il n'est plus aujourd'hui).
Le payador Angel Villoldo, dont on dit qu'il fut le père du tango (ceq ui est très surfait mais contient une petite part de vérité), les musiciens et compositeurs de la Guardia Vieja que furent le bandonéoniste Eduardo Arolas, le pianiste Agustín Bardi, le violoniste David Roccatagliata, les pianistes Rosendo Mendizábal et Roberto Firpo et sans doute aussi le violoniste Francisco Canaro, dit Pirincho, y jouèrent. Un chanteur comme Pascual Contursi (1888-1932) y réalisa peut-être quelques tours de chant a la gorra On est à peu près sûr que le grand danseur El Cachafaz, de son vrai nom Ovidio José Bianquet (1885-1942), y a acquis une bonne partie de sa prestigieuse réputation de virtuose de la piste, même si Jorge Luis Borges affirme que personne n'a jamais dansé à Lo de Hansen (chez Hansen), qu'u public de la meilleure société s'y réunissait pour y écouter de la musique... Mais Borges s'est inventé sa propre histoire de Buenos Aires, il s'est aussi inventé une biographie de Evaristo Carriego bien à lui et un archétype de titi de Buenos Aires, avec un ton si magistral et une plume si sûre qu'il nous fait prendre ses désirs pour la réalité (et en matière d'histoire du tango en particulier, cet art avec lequel il entretenait une relation des plus ambiguës). Il est aussi très vraisemblable que le poète Evaristo Carriego (1883-1912) a fréquenté ce café, y a peut-être même écrit certains de ses vers ou l'une ou l'autre de ses scènes de théâtre. Grand inspirateur de Borges, de Manzi et de la majorité des grands poètes du tango d'aujourd'hui (Luis Alposta, Horacio Ferrer, Héctor Negro, Alejandro Szwarcmann... qui ont été éduqués en poèsie par ses oeuvres...) Evaristo Carriego a beaucoup chanté Palermo du temps où ce quartier était encore un quartier populaire (ce qu'il n'est plus aujourd'hui).
Du Café de Hansen ou Antiguo Hansen (le nom qu'on lui donna entre 1892 et sa disparition en 1912), il nous reste un tout petit nombre de clichés (dont celui-ci, publié sur le site de la ville de Buenos Aires). C'était un petit café de ceinture, perdu dans un Palermo alors aux faux airs de far-west. Même du très luxueux restaurant El Armenonville qui se trouvait non loin de là et accueillit le Tout Buenos Aires de 1910 à 1920, on n'a pratiquement pas d'image (il est vrai que El Armenonville a duré beaucoup moins longtemps que Lo de Hansen).
Le Café de Hansen a été démoli pour dégager les abords du Vélodrome de Palermo et permettre son agrandissement avec un meilleur flux pour le début de la traction automobile...
Aujourd'hui, de lui il reste la certitude de son emplacement, marqué par cette plaque commémorative posée en 1994, et ce qu'on vient de découvrir de ses fondations et de son sol, sous 50 cm de terre, actuellement sous un chapiteau de protection. Les investigations en cours ont permis de mettre à jour les tunels qui desservaient la première centrale électrique qui alimenta la ville de Buenos Aires. Il avait été construite en 1883, dans le même secteur, sous la direction de Domingo Sarmiento, qui avait été 10 ans plus tôt un président de la République mythique. Après la désactivation de la centrale, ces tunels ont servi d'entrepôts pour des réserves de carburants et de divers produits chimiques, jusqu'en 1956, date à laquelle ils ont été désaffectés et laissés à l'abandon, jusqu'à leur re-découverte il y a quelques jours par cette équipe d'archéologues mandatés par le Gouvernement portègne.
Palermo, vaste étendue de terres peu construites jusqu'aux années 1880, a accueilli de nombreuses activités pré- ou semi-industrielles, dont cette centrale et divers ateliers de mécanique (pour les tramways hippo- puis automobiles) et de maintenance de matériel urbain (éclairage public notamment). Tout jeune adolescent, le poète Enrique Cadícamo a travaillé dans l'un de ces ateliers de mécanique à plus d'une heure de tramway de chez lui (Cadícamo a été passionné de mécanique, de belles motos et de belles voitures toute sa vie, ses mémoires sont remplies de descriptions es machines qu'il a acquises). La famille Cadícamo habitait alors du côté de Boedo. Et pendant l'interminable trajet, le futur auteur de Nieblas del Riachuelo lisait Jules Verne et Alexandre Dumas. Bien qu'il en parle dans ses Mémoires (Ed. Corregidor, Buenos Aires, 1995) comme d'un salon de danse fréquenté par une faune de noceurs de tous âges et de toutes conditions sociales, gourgandines et caïds du milieu compris, Cadícamo n'a sans doute jamais mis les pieds dans le café de Hansen, il n'avait que 12 ans quand le café a disparu (et c'était très loin de chez lui, on imagine mal l'un de ses frères aînés entraîner le petit dernier dans un lieu pareil). En revanche, il est possible que le pianiste et compositeur de la Guardia Vieja, Juan Carlos Cobián ait connu cet endroit, voire y ait joué, il était né quatre ans plus tôt que le poète, dont il fut un ami intime et un complice de création pendant une trentaine d'années.
Il est possible que le Café de Hansen, construit en bois dans un style assez typiquement colonial, ait fait partie des communs de la propriété de Juan Manuel de Rosas, la maison d'un garde-chasse, d'un jardinier ou d'un cacique de la Mazorca, la garde prétorienne du dictateur... Hansen s'y serait installé en 1877 et aurait transformé l'endroit (probablement abandonné en février 1852) en caboulot. En ce cas, les fouilles devraient permettre d'invalider ou de confirmer cette hypothèse. C'est en tout cas le souhait exprimé par le Ministre de la Culture portègne, Hernán Lombardi, qui veut que ces fouilles permettent d'en savoir plus sur le passé, relativement peu documenté, de cette partie de la ville et que ces trouvailles restent accessibles au public. Il a annoncé que la fontaine installée tout près de là pendant la Dictature serait remplacée par un monument consacré au tango. Pourvu que ce soit de bon goût et pas un horrible machin pour les appareils photos des touristes. En 1892, Jan Hansen passa la main mais le café resta, sous son nouveau patron, Anselmo Tarana, un repaire de musiciens populaires et le berceau du tango naissant. Un jour néanmoins, il est attesté que El Esquinazo y fut tango "non grato" (ici, dans une interprétation du Cuarteto Juan Cambareri).
Plusieurs explications existent pour cette interdiction. L'une d'entre elles prétend qu'il y eut un jour une bagarre qui faillit mettre en miette l'établissement comme dans un album de Lucky Luke parce que les clients avaient joué avec leurs propres poings la scène de ménage qui ouvre le tango (el ezquinazo, en lunfardo, c'est l'échapatoire, le lapin qu'on pose à l'amant ou à la maîtresse, l'élargissement, etc...). L'autre version raconte que les clients marquaient le rythme enlevé de ce morceau très Belle Epoque avec les couverts et que le patron n'avait plus qu'à acheter de la vaisselle neuve le lendemain. Dans tous les cas de figure, il serait étonnant qu'un tel comportement soit celui d'une bonne société bien écoutée et mélomane, comme le voudrait l'histoire avec un grand H et Jorge Luis Borges. Aussi, la version populo et canaille de Cadícamo paraît-elle plus vraisemblable. En tout cas, c'est celle qu'a retenue la mémoire populaire de Buenos Aires, comme en témoigne Tiempos viejos, un célèbre tango de Francisco Canaro et Manuel Romero datant de 1926 (chanté ici par Carlos Gardel).
(1) En Argentine, la confusion en matière de géographie et de nationalités européennes est extrêmement fréquente. D'abord parce que l'Europe, c'est loin. Ensuite parce que pas mal d'immigrés mentaient à leurs voisins, aux employeurs... sur leur origine géographique ou leur statut social : beaucoup de Juifs russes, polonais ou baltes se disaient Allemands ou Anglais pour refaire leur vie sur cette nouvelle terre en prévenant la survenue des persécutions racistes qu'ils venaient de fuir (ce mensonge était pourtant beaucoup moins nécessaire en Argentine qu'ailleurs sur cette planète, mais cela, ils ne le savaient guère en débarquant), beaucoup de militants révolutionnaires (syndicalistes, socialistes, anarchistes, rouges et autres partageux) ont également menti pour brouiller les cartes et ne pas risquer d'être identifié à cet agitateur social banni de Hongrie, à ce meneur de grève condamné en France, à cet évadé du bagne de Cayenne etc... De la même manière, beaucoup de filles mères se sont déclarées veuves, les mères de Carlos Gardel et de Ignacio Corsini par exemple, sans que personne ne soit dupe ni ne dénonce la supercherie.