vendredi 10 avril 2009

Chemin de croix de la Ciudad [Coutumes]



La Ville de Buenos Aires a son chemin de croix officiel, présidé par l'un des évêques auxiliaires de Buenos Aires. La procession a lieu de nuit, à 20h30, comme à Rome (où cela se passe au Colisée). La procession commencera devant le Congrès, sur Plaza del Congreso, et parcourra toute la Avenida de Mayo, jusqu'à la Cathédrale Métropolitaine située Plaza de Mayo, juste à côté du Cabildo dont je vous ai survolé l'histoire il y a quelques jours.

Sans doute ce soir y aura-t-il des intentions de prières pour les victimes du tremblement de terre qui s'est produit lundi dans les Abruzzes. Les Portègnes se sentent en effet toujours très proches de l'Italie (ou de l'Espagne) dans ce genre de circonstances tragiques. Le tremblement de terre a d'ailleurs fait une victime argentine (une femme qui vivait dans la région sinistrée et a trouvé la mort dans la catastrophe) et 77 ressortissants du Cône Bleu font partie des personnes privées de toit.
Il y a quelques jours, le chanteur et homme d'affaires Pepe Kokubu a même lancé un appel à la solidarité auprès de tous ses contacts (son métier de consultant en interculturalité fait qu'il connaît des gens partout dans le monde) pour que ces Argentins puissent être hébergés dans l'urgence du moment et s'éviter le week-end de camping que Silvio Berlusconi trouve si plaisant...

En illustration de cet article, l'affiche officielle de la Via Crucis 2009 qui est placardée actuellement dans tout Buenos Aires sur les panneaux réservés à la communication du Gouvernement de la Ville.

En Argentine, il n'y a en effet pas de séparation entre Eglises et Etat malgré une tentative faite en ce sens en 1954-1955 par Juan Perón. Ce projet audacieux a d'ailleurs détaché de lui une importante frange de la population, très attachée à la catholicité de l'Argentine, et a ainsi favorisé le succès final du coup d'Etat qui l'a renversé en septembre 1955. Malgré ce régime concordataire, depuis très longtemps, la République argentine se comporte comme un état laïc, et ce en bien des domaines. Par exemple, depuis 1883, l'éducation est obligatoire jusqu'à 14 ans et la République a mis en place un enseignement public, gratuit et laïc, qui continue de fonctionner, même s'il connaît de sérieuses difficultés sociales en ce moment avec des grèves à répétition du corps enseignant (voir mes articles sur l'école).

Aussi, pour favoriser un traitement égalitaire de tous les habitants quelle que soit leur religion, les grandes fêtes juives, musulmanes, boudhistes et chrétiennes orthodoxes (à calendrier julien, une toute petite minorité d'Argentins) sont elles officiellement et légalement fériées pour les fidèles de ces religions et ces dates sont rappelées par les médias officiels (radios, télévision, sites internet, notamment celui du Secrétariat d'Etat aux Cultes). Il en va de même du Têt, le Nouvel An célébré dans toute l'Asie du Sud-Est. En ce moment-même, alors que Semaine Sainte et semaine de Pessah coïncident presque exactement, les salariés de confession juive ont eu droit à un jour férié au début de la semaine de Pessah (Pesaj).
En Argentine et en Uruguay, le Vendredi saint est un jour férié (et non pas le Lundi de Pâques) et la Semaine Sainte est une période traditionnelle de vacances, comme en Espagne.