Carla Pugliese est une pianiste, une compositrice qui dirige sa propre petite formation típica. Elle est même un peu letrista sur les bords. Le nom qu'elle porte à la scène est bien (vous l'aviez deviné si vous ne le saviez déjà) celui de son grand-père maternel, Don Osvaldo, puisqu'elle est la fille de Beba Pugliese, autre pianiste et autre compositrice dont j'ai déjà un peu parlé dans ces colonnes en juillet de l'année dernière.
Carla Pugliese refonde actuellement sa formation musicale et recherche un violoniste et un bandonéoniste.
Dans la précédente configuration (Lautaro Greco au bandonéon, Marcelo Rebuffi au violon, Gerardo Scaglione à la contrebasse, Ernesto Romero sur différents instruments électroniques et elle-même au piano), elle a déjà sorti trois disques chez Fonocal : Ojos verdes cerrados (100% de sa composition), La Vida y la Tempestad (un mixte de classiques de plein de compositeurs sauf l'aïeul et Maman et de morceaux originaux de sa main) et Electrica y porteña (9 pistes, dont 7 d'elle + Nonino de Piazzolla + un morceau de Natalia Simoncini, Como una hojita, comme une petite feuille). Dans Ojos verdes cerrados, Natalia Simoncini est l'une des deux chanteuses que l'on entend dans Ayer vi (hier, j'ai vu) et Hieri ho visto (cela veut dire la même chose mais c'est de l'italien).
Vous pouvez découvrir sa musique. La facture yumbéante, la percussion pianistique et le miaulement de chat écorché des cordes vous rappelleront sans aucun doute quelqu'un, car il y a comme un air de famille, mais vous ne pourrez pas vous y tromper : cette musicienne n'est le clone de personne. Sa personnalité s'affirme dans sa musique comme dans ses arrangements des classiques. Ecoutez sa Pavadita de Anselmo Aieta ou son Gallo Ciego de Agustín Bardi (1) dans La Vida y la Tempestad. Cette pianiste élevée au rock'n roll comme toute sa génération (elle est née en janvier 1977) a l'amour du répertoire qu'elle interprète sans chercher à s'en servir pour briller. Avec le respect dû aux anciens, le respect du style et du compositeur. "Sin protagonizarse", comme on dit en portègne.
Elle s'est véritablement lancée dans la carrière en son nom propre en 2003, elle a déjà fait plusieurs tournées à l'étranger, en particulier au Japon. A Paris, elle a joué devant un public encore confidentiel. Elle s'est aussi produite en Italie. Elle n'est présente sur My Space que depuis janvier 2008. Cette prudence et cette humilité dans la conduite de sa carrière sont une raison de plus pour la découvrir. En illustration de cet article, la couverture d'un de ses disques. Des photos d'elle, vous en trouverez plein sur sa page My Space.
(1) Elle a du courage parce que Gallo Ciego est un des grands classiques de la discographie de Osvaldo Pugliese, qui enregistrait toujours sur un disque une majorité de morceaux qui n'était pas de lui. Sur un disque de Pugliese, il n'y a jamais que un ou deux morceaux de lui. S'il y a plus, vous n'avez pas affaire à un album original mais à une anthologie montée post-mortem à partir des disques qu'il a enregistrés de son vivant.