Roxana Fontan est une chanteuse et une actrice argentine qui chante le tango como ninguna, comme aucune autre, écrivait Natalio Gorín, (1) en citant un célèbre vers de Homero Manzi, dans Malena (2). Samedi dernier et vendredi 10 avril, elle se produit en deux soirées exceptionnelles, très tardives, à la Esquina Homero Manzi, un Gran Café typique de Buenos Aires le jour (comme le Tortoni, comme El Café de los Angelitos, comme La Confitería Las Violetas) et un Cena-Show le soir, situé à l’esquina rendue mythique par Homero Manzi, San Juan y Boedo (c’est le premier vers de Sur, de Homero Manzi et Aníbal Troilo).
Le concert a lieu après minuit, lorsque le cena-show pour touristes est terminé. Place aux autochtones...
Samedi 4 avril, la chanteuse a partagé la scène avec un monstre du tango canción, Alberto Podestá, une des grandes gloires du tango des années 40, très connu pour ses créations d’abord dans l’orchestre de Miguel Caló, ensuite dans celui de Carlos Di Sarli, qui était allé lui-même le débaucher au Singapur, le cabaret de Miguel Caló, un soir de 1943, et qui lui a donné ce nom de scène qu’il n’a jamais cessé de porter depuis (3). Alberto Podestá, qui a aujourd’hui plus de 80 ans, a promis à Roxana Fontan d’être à nouveau à ses côtés vendredi prochain. Samedi, leur duo dans El cielo y tú a, paraît-il, arraché des larmes à la salle. Or on ne change pas une équipe qui gagne... (4)
Samedi, un couple de danseurs s’est mêlé au spectacle, il s’agissait de Gachi Fernandez et Claudio González qui ont dansé sur Oblivión d’Astor Piazzolla.
Vendredi, les danseurs invités seront El Chino Perico et sa partenaire Natacha Poberaj.
Comme dit l’annonce : ne ratez pas ça, ces trucs-là, c’est pas tous les jours ("No se lo pierdan porque esas cosas no se dan todos los dias").
Vous pouvez découvrir Roxana Fontan à travers son blog, où elle a disposé plusieurs articles de presse et quelques vidéos (dont une d’un extrait d’une zarzuela, une opérette espagnole, intitulée La Cour de Pharaon).
(1) Natalio Gorín était un journaliste et essayiste, grand spécialiste du tango. Il était un ami de Astror Piazzolla et un grand connaisseur de son oeuvre. Il est malheureusement décédé aujourd’hui. Il est l’auteur d’une biographie passionnante du grand compositeur publiée en espagnol et en anglais. Il est aussi l’auteur du site, lui aussi, bilingue, piazzolla.org (dans la rubrique Les Troesmas, en partie basse de la Colonne de droite). Et pour ceux qui préfèrent les images au texte (surtout si c’est en espagnol ou en anglais), il y a le très beau et très récent livre de photos inédites, Imagenes de Piazzolla, par et chez Carlos Carrizo, autre grand connaisseur de l’oeuvre piazzollienne. C’est un ouvrage de 320 photos inédites, appartenant à la collection impressionnante de l’auteur sur Piazzolla. Je l’avais présenté dans un article de novembre dernier. L’ouvrage n’est pas pour le moment distribué en France (mais qui sait, peut-être un jour). En attendant, vous pouvez vous le procurer directement auprès de l’auteur-éditeur en lui envoyant un mail. Vous pouvez même écrire votre message en français (en précisant que c’est un conseil de Barrio de Tango). Carlos Carrizo comprend très bien et parle même avec plaisir notre langue. Pour cela, rendez-vous directement sur l’article précédemment cité en cliquant sur le lien ci-dessus.
Imagenes de Piazzolla est également en vente chez Zivals, le grand disquaire de la esquina Corrientes y Callao (dont la boutique en ligne est accessible grâce aux liens de la Colonne de droite, rubrique Les commerçants du quartier).
(2) l’article de Natalio Gorín est à lire sur le blog de Roxana Fontan.
(3) En fait, Alberto Podestá s’appelle Washington Ale. Podestá est un nom d’origine italienne assez courant en Argentine. Mais pour les artistes, il sonne d’une manière particulière. La famille Podestá est une famille de théâtre extrêmement connue, qui compte un grand nombre de très grands comédiens et comédiennes. Ils ont tout particulièrement animé la vie du théâtre populaire des années 20, 30 et 40...
(4) D’ailleurs, on ne change pas non plus une équipe qui perd en ce moment en Argentine, ceci n’ayant rien à voir avec cela, d’ailleurs. Le DT, Diego Maradonna, dont la sélection vient de se prendre une raclée magistrale ("paliza terrible") sur le terrain en Bolivie (mais en plein deuil national pour la mort de Raúl Alfonsín la semaine dernière) l’a dit aujourd’hui : "De acá nadie se va" (d’ici, personne ne s’en va. Autrement dit, il garde tout le monde).
Au cas où l’info n’aurait pas atteint encore votre foyer, sachez qu’en octobre dernier, Diego Maradonna a été nommé sélectionneur national de l’Argentine, le DT (Director Tecnico). Et que c’est sa première défaite. Contre les Ecossais et contre les Français, sur leur terrain, à Edimbourg et à Paris, l’équipe argentine avait gagné ses matches. Bon, c’était des matchs amicaux. C’est pas de bol !