L’émission de radio, en direct et en podcasts téléchargeables manuellement, Fractura Expuesta, qui émet sur son site internet et sur les ondes de La Voz de las Madres (AM 530) à Buenos Aires, a repris son rythme d’année pleine au début mars comme tout le monde là-bas.
Avec juste un petit changement d’heure dont les deux chroniqueurs ont fait semblant de faire tout un plat en entamant la première émission de mars : Fractura Expuesta commence à présent à 22h au lieu de 22h30, elle dure toujours une heure et demie, mais de toute manière, à ces heures-là et de ce côté-ci de l’Atlantique, nous, on pionce ! (1).
Et en six semaines, il s’est passé pas mal de choses à l’antenne.
Petit survol de ce début d’année, histoire de vous donner envie d’aller y voir vous-même !
(Le lien se trouve dans la Colonne de droite, dans la rubrique Ecouter, dans la partie basse, celle consacrée aux liens externes).
En remontant le temps.
La semaine dernière, l’éditorial était l’affaire de Maximiliano Senkiw (prenez un fort accent français et essayez de dire Thank you, vous serez pile poil dans la prononciation de son nom) (2). Il a profité du fait qu’il avait le micro pour lancer un véritable Exocet chargé d’une tête nucléaire en direction de Hernán Lombardi, le Ministre de la Culture chargé du tourisme du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires, qu’il soupçonne de ne vouloir faire inscrire le tango au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO (voir mon article à ce sujet) que pour en faire un attrait touristique pour Buenos Aires et transformer ainsi sournoisement le genre en un gadget exotique non pas seulement pour nous autres, les braves touristes pas très fûte-fûtes qui prenons facilement des vessies pour des lanternes (3), mais aussi tout simplement pour les habitants de Buenos Aires eux-mêmes. Et cette seule idée-là, Maximiliano, ça le met très, très, très, très en colère...
Quand je vous disais qu’il y allait avoir du sport, dans cette campagne électorale raccourcie (on vote le 28 juin, tant au niveau national qu’au niveau local à Buenos Aires, au lieu de la mi-octobre).
Mais le plus triste, c’est que son édito, bien bâti, bien argumenté, bref "bien balancé" comme on dit en argot, rappelle un autre Exocet, bien solide lui aussi, envoyé, à la rentrée également, depuis le blog du Maestro Héctor Negro, en direction du Ministère de l’Education de ce même gouvernement portègne (cf. mon article sur le non-renouvellement du contrat de l’artiste, après 18 ans d’enseignement au Centro Educativo del Tango). Et puis il se trouve que tout récemment, Hernán Lombardi a tenu une étrange conférence de presse, le 8 avril dernier, pour promouvoir le tourisme religieux à Buenos Aires. Qu'est-ce à dire ? Que toute manifestation où se retrouvent les habitants de Buenos Aires, où ils ont quelque chose à vivre ensemble, est à envisager sous l’angle du remplissage des hôtels et des restaurants ? Et sur quoi s’appuyait le Ministre pour faire de la capitale argentine la dernière destination où le touriste aurait de quoi se distraire ? Sur la concomitance cette année des fêtes juives et chrétiennes, Pesaj Urbano à Palermo d’un côté (article sous ce lien) et Chemin de croix du Vendredi saint de l’autre (article sous ce lien).
Les mots non mâchés de Maximiliano Thankyou est à écouter dans l’émission n° 264, dans la page podcast du site de Fractura Expuesta (qui porte bien son nom : fracture ouverte).
Le dernier édito est accessible toutes les semaines sur le site en format texte (il suffit de cliquer sur le titre de l’intervention) mais cette facilité ne vaut que pour le dernier édito. La mise à jour se fait le mercredi par la mise en ligne de l’émission de l’avant-veille.
Autre plage audio particulièrement remarquable mais peut-être difficile à écouter : le montage réalisé par Maximiliano que les deux chroniqueurs ont placé, en lieu et place de leur édito habituel, en tête de leur émission du lundi 23 mars, la veille du 33ème anniversaire du coup d’Etat de 1976. Il s'agit d'un ensemble d’archives sonores, discours de dictateurs ou de zélateurs de la junte militaire et témoignages, à la barre, lors des procès de leurs bourreaux, de victimes de la répression. Des choses qu’il faut écouter même (et surtout) si parfois elles sont à la limite du supportable. (Emission 262).
Germán Marcos et Maximiliano Senkiw ont renoué cette année avec la bonne habitude du vrai-faux flash d’infos à l’esprit potache. Nous avons donc droit à Carlos Gardel qui était le Nelly Omar en pantalon et non pas l’inverse comme le pense un vain peuple machiste (4), à la naissance d’un bébé tanguero aux pouvoirs surhumains qui, au lieu de pleurer, chante les grands succès de Gardel et a été dès sa naissance baptisé et confirmé façon couronnement du Dalaï-Lama par Horacio Ferrer (en sa qualité de Président de la Academia Nacional del Tango) (5) et au bulletin de santé d’une femme hospitalisée après avoir avalé des tonnes de sable dans l’espoir d’acquérir la même voix de papier de verre que sa chanteuse préférée, Adriana Varela (6).
Dans la partie sérieuse de l’émission, vous retrouverez parmi les invités qui se sont succédés au fil des semaines de nombreux artistes dont j’ai parlé depuis le début de 2009.
(En mot-clé, je mets tous les noms en haut, dans le bloc Pour chercher, par buscar, to search, pour que vous puissiez accéder plus facilement aux articles que je leur ai récemment consacrés juste par un clic sur le ou les noms qui vous intéressent).
Le chanteur Javier Cardenal Domínguez (émission 264)
La chanteuse Monica Navarro (émission 263)
Le chanteur Cucuza (Hernán Castiello) pour Con-vivencia tanguera au CCC au téléphone (émission 262)
Le bandonéoniste Adrián Ruggiero de Violentango (au téléphone), la chanteuse Viviana Scarlassa de direct en studio, et une chronique de Sebastián Linardi sur le concert du groupe Buenos Aires Negro au CCC (émission 261)
La chanteuse Jacqueline Sigaut (au téléphone) et les guitaristes du duo La Propina (émission 260)
Et l’auteur-compositeur-interprète Fernando Bitter en direct dans le studio pour l’émission de la rentrée, le 2 mars (émission n° 259).
Sinon, si vous voulez que je remonte au-delà du 2 mars, je peux ajouter que vous avez aussi les chanteurs Angel Pulice et Ruth de Vicenzo, le duo de guitaristes Ariel Argañaraz et Hernán Reinaudo, la chanteuse Analia Sirio et le guitariste Moscato Luna (bien connu, quant à lui, des lecteurs fidèles de Barrio de Tango), et le chanteur-auteur-compositeur Juan Vattuone, dans l’émission du 5 janvier 2009. Dans cette émission du 5 janvier, le journaliste Carlos Bevilacqua, de Página/12, termine aussi sa critique radiophonique du livre El Tango en la sociedad porteña 1880-1920, de Hugo Lamas y Enrique Binda, qu’il a aussi présenté dans un papier écrit (et auquel j’avais fait écho dans un article de janvier dernier).
(1) Pioncer (argot parisino) : apoliyar (lunfardo), dormir (espagnol et français).
(2) du point de vue linguistico-pédagogique, je reconnais que mon conseil fait un peu fusil à tirer dans les coins, mais je vous promets qu’il donne de très bons résultats ! Généralement en Argentine, le w est prononcé comme un u (ou).
(3) à qui on peut vendre une boîte à lettres, dit l’expression portègne ("vender un buzon").
(4) La chanteuse, compositrice et letrista Nelly Omar (née en 1911) a été baptisée "La Gardel en pollera" (la Gardel en jupons), pour la façon dont elle pose sa voix, parce qu’elle est aussi créatrice et parce qu’elle chante accompagnée de guitaristes et non pas dans le sein d’un orchestre. Emission n° 259.
(5) Germán et Maximiliano ne ratent jamais une occasion d’arranger à leur façon la légende d’Horacio Ferrer. Je dis bien "légende" parce que le personnage qu’ils appellent Horacio Ferrer n’existe nulle part. C’est un pur produit de leur imagination et, disons-le aussi, de leur mauvaise foi, une mauvaise foi pleine d’esprit et particulièrement intelligente, mais mauvaise foi tout de même. Mais qu’est-ce que vous voulez, à cet âge, ça s’amuse d’un rien ! Surtout avec un micro sous le nez. Regardez le court-métrage de 10 minutes qu’ils ont tourné et monté pour les 5 ans de leur émission (ici directement sur You Tube) et vous serez fixé ! Emission n° 258.
(6) Cacho Castaña, un chanteur de variété qui vient de prendre des positions ultra-réac dans le débat sur le retour à la peine de mort, a écrit et composé, dans les années 80, une chanson pas vilaine intitulée Garganta con arena (littéralement gorge avec du sable. En français courant on dira plutôt un chat dans la gorge). Une chanson-hommage à Roberto Goyeneche el Polaco, qui à la fin de sa carrière chantait avec une voix brisée. Garganta con arena a été créée par la chanteuse Adriana Varela, dotée elle aussi d’une voix naturellement enrouée et dont elle accentue à plaisir le côté râpe à fromage. Pas douce douce, la voix, mais puissante ! Adriana Varela, c’est incontestablement une chanteuse, que l’on aime ou que l’on n’aime pas le style qui est le sien !... Emission n° 260.
(2) du point de vue linguistico-pédagogique, je reconnais que mon conseil fait un peu fusil à tirer dans les coins, mais je vous promets qu’il donne de très bons résultats ! Généralement en Argentine, le w est prononcé comme un u (ou).
(3) à qui on peut vendre une boîte à lettres, dit l’expression portègne ("vender un buzon").
(4) La chanteuse, compositrice et letrista Nelly Omar (née en 1911) a été baptisée "La Gardel en pollera" (la Gardel en jupons), pour la façon dont elle pose sa voix, parce qu’elle est aussi créatrice et parce qu’elle chante accompagnée de guitaristes et non pas dans le sein d’un orchestre. Emission n° 259.
(5) Germán et Maximiliano ne ratent jamais une occasion d’arranger à leur façon la légende d’Horacio Ferrer. Je dis bien "légende" parce que le personnage qu’ils appellent Horacio Ferrer n’existe nulle part. C’est un pur produit de leur imagination et, disons-le aussi, de leur mauvaise foi, une mauvaise foi pleine d’esprit et particulièrement intelligente, mais mauvaise foi tout de même. Mais qu’est-ce que vous voulez, à cet âge, ça s’amuse d’un rien ! Surtout avec un micro sous le nez. Regardez le court-métrage de 10 minutes qu’ils ont tourné et monté pour les 5 ans de leur émission (ici directement sur You Tube) et vous serez fixé ! Emission n° 258.
(6) Cacho Castaña, un chanteur de variété qui vient de prendre des positions ultra-réac dans le débat sur le retour à la peine de mort, a écrit et composé, dans les années 80, une chanson pas vilaine intitulée Garganta con arena (littéralement gorge avec du sable. En français courant on dira plutôt un chat dans la gorge). Une chanson-hommage à Roberto Goyeneche el Polaco, qui à la fin de sa carrière chantait avec une voix brisée. Garganta con arena a été créée par la chanteuse Adriana Varela, dotée elle aussi d’une voix naturellement enrouée et dont elle accentue à plaisir le côté râpe à fromage. Pas douce douce, la voix, mais puissante ! Adriana Varela, c’est incontestablement une chanteuse, que l’on aime ou que l’on n’aime pas le style qui est le sien !... Emission n° 260.