vendredi 10 décembre 2010

Flambée des prix sur les produits de fête [Actu]

Comme tous les ans à la même époque, le quotidien Clarín se fait l'écho des relevés effectués par les associations de consommateurs sur les prix pratiqués par les commerçants et les supermarchés sur les produits typiques des fêtes et cette année. Cette enquête, cette année, montre une augmentation moyenne de 20% sur les prix de 2009. Le journaliste attribue cette hausse à la spéculation et à la faiblesse de l'offre, notamment pour la viande, ce qui devient très préoccupant en Argentine, grand pays d'élevage par tradition où cette activité baisse de plus en plus en quantité et en qualité pour cause d'occupation grandissante du sol par la culture du soja, destiné uniquement à l'exportation. Le poulet (6 $/kg en 2009, 11 $/kg en 2010) et le peceto (une partie d'aloyau, qui était à 22 $/kg l'année dernière et se retrouve à 43 $/kg aujourd'hui) ont respectivement augmenté de 83% et de 95%.

Les conserves ont augmenté de 25% et 37% selon le type de produits. Or sur la table de Noël, les pêches au sirop ont toute leur place (comme les raisins secs), une bizarrerie qui nous vient tout droit du phénomène migratoire : Noël, c'est la pleine saison des pêches en Argentine. Mais en Espagne et en Italie, les pêches à cette époque-là, on les consomme en conserve. Ce qui donne une incohérence fantastique : aller acheter 30% plus cher que l'année dernière une boîte de pêches alors que vous pouvez faire vos pêches pochées au sirop vous-même en allant acheter des fruits frais au marché du coin (à ceci près qu'il fait très chaud dans la cuisine vers le 25 décembre, avec la chaleur extérieure et la cuisinière allumée).

Cinq des produits traditionnels de la table du Réveillon (Nochebuena) et de Noël, le pan dulce, le turrón, les raisins secs, le cidre, les pralines de cacahuètes (garrapiñada) et les pêches au sirop, coûtent tous ensemble pour une personne 58,45 $ si vous choisissez les marques haut de gamme et 40,70 $ si vous choisissez les marques de milieu de gamme, soit une différence de 44%. Une militante des droits du consommateur évalue à 250 ou 300 $ la table traditionnelle du réveillon de Noël pour une famille de quatre personnes. Pour certaines familles, comme celles qui sont en train de réagir très violemment à Villa Soldati, à Villa Riachelo, à Villa Lugano, ce n'est pas donné ! Pour les autres, c'est comme partout ailleurs à Noël : on dépense plus que d'habitude et on fait des excès de toutes natures.

L'inflation sur l'année 2010 est officiellement de 11,13%, selon les dernières données de l'INDEC. Les études de cabinets privés évaluent cette même inflation annuelle à 25%. Au-delà de l'éternelle querelle sur la fiabilité des données de l'INDEC (voir mon article du 25 novembre 2010 sur l'appel à l'expertise du FMI pour faire monter en qualité les travaux de l'Institut officiel des statistiques et du recencement), Clarín est allé interviewer les porte-paroles des associations de consommateurs pour savoir ce qui se passait. Héctor Polito, un ancien député, explique que l'offre n'augmente pas au même rythme que la demande (ce qui tendrait donc à accréditer l'idée, soutenue par le Gouvernement, que le pouvoir d'achat moyen des Argentins s'est bel et bien élevé ces dernières années) et que le secteur agricole ne souhaite pas produire plus pour permettre aux prix de monter.

Si c'est vrai, c'est ignoble. Aussi ignoble que de prendre les terres d'élevage, de céréales et de maraîchage pour y cultiver du soja dont seuls les propriétaires des terres voient le bénéfice dû à la croissance de la demande mondiale (nous, Européens, donnons à manger au bétail qui finit dans notre assiette du soja et du tourteau argentins) au détriment de leurs compatriotes dont l'assiette, qui pourrait se remplir chaque jour un peu plus, diminue en quantité et en qualité...

Et il y a encore pire : les produits sont plus chers que l'année dernière et comme l'année dernière et les 3 années précédentes, en plus, les conditionnements ont baissé en quantité. Là où on avait l'année dernière un conditionnement en 250 gr, on a aujourd'hui 230 ou 220 grammes dans la même boîte... Et évidemment, les consommateurs argentins, beaucoup moins informés qu'en Europe, sont nombreux à se faire avoir.

Pour en savoir plus
lire l'article de Clarín de ce matin