Le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur les écoutes illégales conduites par les services de la Ville autonome de Buenos Aires a été publié par la Legislatura Porteña hier, comme c'était annoncé depuis le 3 décembre 2010. Pour l'heure, il n'est pas (encore) disponible sur le site de l'institution et seul le quotidien Página/12 s'en fait l'écho ce matin. Ni Clarín, ni La Nación n'en disent mot dans leurs éditions de ce matin.
Selon l'article de Página/12, le rapport identifie Mauricio Macri, le Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, comme le principal responsable de ces écoutes illégales et demande la démission immédiate du ministre portègne de la Sécurité, Guillermo Montenegro, sous les ordres de qui était placé Jorge Palacios, ex-chef de la Police sur le territoire de Buenos Aires, actuellement écroué dans le cadre de cette affaire qui a consisté à espionner de nombreuses victimes de l'attentat contre l'AMIA, la mutuelle juive d'Argentine, une institution cultuelle et sociale des plus importantes pour la large communauté juive argentine, essentiellement concentrée à Buenos Aires et dans sa proche ceinture (85 morts et plusieurs centaines de blessés en 1994).
La Legislatura devrait voter dans la journée l'ouverture du procès politique de Mauricio Macri, une procédure qui pourrait aboutir à sa destitution, ce procès politique que l'intéressé avait voulu provoquer lui-même il y a plusieurs mois, en pensant pouvoir compter sur une majorité très ric-rac mais néanmoins suffisante pour lui éviter la destitution (voir mon article du 22 juillet 2010 sur cette tentative de forcer le destin). Entretemps, les scandales n'ont pas cessé de s'accumuler, le récent rapport de l'Observatoire des droits de l'homme (voir mon article du 14 décembre 2010) ajoute de l'eau au moulin de l'opposition portègne et l'inaction du Gouvernement portègne pendant les événements du quartier de Villa Soldati qui ont duré toute un semaine pourrait ne pas plaider en faveur de Macri (voir mes articles sur les émeutes de Villa Soldati).
D'un autre côté, ce dernier est aussi dans le collimateur de la justice pénale sur deux affaires très graves, les écoutes elles-mêmes qui ont un volet pénal indépendant du volet parlementaire, et les agissements d'une milice de gros bras qui agressait les sans-abris la nuit dans Buenos Aires pour le compte, estime-t-on, du Gouvernement Portègne, désireux de se débarrasser des indigents et d'en encombrer le Gouvernement de la Province de Buenos Aires (adversaire politique).
Il y a quelques mois, Mauricio Macri, adhérent de premier plan du parti PRO, a annoncé son intention de se présenter à l'élection présidentielle de l'année prochaine. Si sa destitution était prononcée par la Legislatura, il est probable qu'elle mettrait fin, du moins pour quelques années, à cette ambition, laquelle fait de l'ombre au président du parti PRO, un Argentin d'adoption (il est né Colombien) qui, pour cette raison même, ne peut pas prétendre à exercer la fonction suprême en Argentine et dont les deux ultra-fidèles élus à la Legislatura se feront peut-être un plaisir de voter contre Macri, tandis que leur chef bien-aimé, Francisco De Narvaez, se présentera comme candidat gouverneur de la Province de Buenos Aires (il a déjà annoncé sa participation à l'élection provinciale). Sur un total de 70 députés, quand on n'a pas la majorité absolue et Macri ne l'a pas, la défaillance de 2 voix peuvent faire la différence et renverser le Gouvernement. La destitution, si elle est prononcée, fragiliserait aussitôt la défense de Macri devant le tribunal pénal. Or dans la courte existence du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qui ne dispose d'une Constitution que depuis 1994, il y a déjà une destitution...
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