lundi 13 décembre 2010

Plan gouvernemental pour développer le secteur automobile argentin [Actu]

Vendredi dernier, le Gouvernement argentin a annoncé un plan pour diminuer le déficit du commerce extérieur en matière automobile et donc pour renforcer progressivement l'offre intérieure, très menacée par les pratiques commerciales léonines de ce secteur au niveau mondial : la Ministre de l'Industrie, Débora Giorgi, a demandé à la Chambre nationale argentines des Importateurs d'automobiles de diminuer de 20% ce déficit en utilisant l'une ou l'autre de ces solutions : ou importer moins d'unités provenant de pays n'appartenant pas au Mercosur (zone d'échanges commerciaux à droits de douane préférentiels de l'Amérique latine) ou (faire) exporter plus de pièces détachées automobiles fabriquées en Argentine.

Les entreprises importatrices doivent remettre avant la fin de l'année (1) un plan à hauteur de 20% du déficit évalué à 1000 millions de dollars (USD) pour l'année 2011. L'absence d'atelier d'assemblage automobile en Argentine, en dehors des usines montées sur place par plusieurs constructeurs étrangers qui ont investi en Argentine (Renault, Peugeot-Citroën, Seat, Ford...), pousse le Gouvernement à désigner le Brésil comme pays partenaire privilégié de l'opération. Les importateurs pourront donc s'associer à des fabricants argentins de pièces détachées (des équipementiers locaux) pour que ceux-ci vendent une partie de leur production à des usines d'assemblages qui sont comptent parmi leurs clients au Brésil ou encourager eux-mêmes l'achat de pièces détachées argentines (Industria Argentina, l'équivalent de notre Made in) par les garagistes brésiliens pour qu'ils effectuent les réparations que leurs clients, particuliers et entreprises, leur confient.

Il s'agit pour le Gouvernement argentin de lutter contre la pression des pays développés, dont nous faisons partie, et qui ont une fâcheuse tendance à considérer le marché argentin (et tous les marchés émergents en général) comme un lieu où vidanger leur trop-plein de production, surtout en cette période de crise aigüe de notre secteur automobile qui cherche à maintenir un bon niveau de production (et donc la sauvegarde de nos emplois ouvriers et techniques) (2) malgré la baisse de la demande sur nos marchés nationaux.

Parmi les plus groses entreprises appartenant à cette Chambre nationale argentine des Importateurs d'automobiles, Alfacar, BMW, Hyundai, Indumotora, Kia, Volvo et Subaru dont aucune n'est une entreprise argentine !

Pour aller plus loin,
lire l'article de Página/12 du samedi matin 11 décembre 2010.

(1) En Argentine, l'ensemble de l'économie agit toujours avec une très faible marge d'anticipation, ce qui montre une plus grande souplesse qu'en Europe et ce qui entraîne une moindre efficacité, dans un jeu de vases communiquants difficile à dépasser. Les Argentins se montrent souvent incapables de savoir ce qu'ils vont faire avec plus de trois semaines d'avance. C'est essentiellement dû aux instabilités de toute sorte, économiques et politiques, qui ont affecté la vie du pays presque sans discontinuer pendant tout le 20ème siècle. Du coup, ils ont appris à ne jamais rien planifier à l'avance, pour ne faire aucun plan sur la comète. C'est l'un des très grands chocs culturels que les Européens se prennent en pleine figure lorsqu'ils s'en vont vivre là-bas, même si c'est à titre temporaire.
(2) Voir mon article de vendredi dernier sur la nomination probable et prochaine de l'économiste Aldo Ferrer comme Ambassadeur à Paris. Il a plein d'idées sur ces questions liées à la mondialisation et à ses effets pervers.