Le Parque Indoamericano a maintenant été libéré, pacifiquement, par les immigrants illégaux qui y avaient installé un campement de fortune, faute de trouver une autre possibilité de se loger dans Buenos Aires dont la politique en la matière est pour le moins très défavorable aux pauvres, qui sont ainsi poussés à s'installer dans la banlieue. Sans doute espéraient-ils bénéficier d'une étrange jurisprudence qui a permis dans le passé à des squatteurs d'être reconnus comme propriétaires du lieu occupé à raison de l'ancienneté de l'occupation. Ce qui est un des éléments qui expliquent la colère des riverains, peu disposés à voir s'installer pour un temps indéterminé des gens (étrangers ou non) sur un espace vert public, transformé en bidonville, sale et malodorant à l'orée de l'été (toujours caniculaire et humide dans une capitale argentine, qui plus est, hyper-polluée).
La crise aboutit à la conclusion d'un accord entre le Gouvernement fédéral (péroniste) et le Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires (libéral) sous la forme d'un projet de construction de logements co-financés sur le territoire de la Capitale. Les personnes qui auront occupé illégalement des espaces publics ou privés ne pourront se porter candidates sur ces logements, ce qui exclut de fait du plan tous les immigrés recensés sur le Parque Indoamericano (5866 personnes) et les 13 000 personnes qui ont pris d'assaut, la semaine dernière et au début de cette semaine, des lieux à l'abandon autour du Parc dans Villa Soldati ainsi qu'à Villa Lugano et à Barracas, deux quartiers voisins. De plus il faudra justifier de deux ans de résidence en Argentine pour pouvoir accéder à un des appartements construits à travers ce plan, deux exigences du Gouvernement portègne.
L'opposition au Gouvernement national voit dans la signature de cet accord la défaite du Gouvernement, qui aurait dû accepter les conditions de Mauricio Macri. La majorité y voit une défaite de Macri, qui est obligé de mettre de l'argent dans un projet immobilier social, lui qui n'a pas cessé de faire reculer les investissements publics portègnes dans ce domaine. Bref, chacun voit midi à sa porte.
Página/12 présentait ce matin tout un dossier sur cette conclusion, dont un article portant sur la baisse régulière du budget de la construction de logements sociaux à Buenos Aires sous le mandat de Mauricio Macri et un autre sur le rapport que le premier ministre portègne vient de faire des actions de son gouvernement devant une Legislatura qui lui a fait passer un très mauvais quart d'heure sur les nombreuses irrégularités de cette gestion.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'accord de construction
lire l'article de Página/12 sur le budget construction à Buenos Aires
lire l'article de Página/12 sur l'audition devant la Legislatura
lire l'article de Clarín sur la libération du Parque Indoamericano
lire l'article de Clarín sur l'accord de construction
lire l'article de La Nación sur la libération du Parque Indoamericano
lire l'article de La Nación sur l'accord de construction.