Le site Internet d'Arte vous propose, en version argentine avec des sous-titres en français, un excellent Web documentaire sur l'Argentine, sa culture, sa population, son histoire, ses enjeux politiques passés et présents, réalisé en cette année où le pays fête le bicentenaire de son indépendance.
Capture d'écran du site d'Arte TV
Vous y découvrirez, entre autres, un reportage de 4 mn 31 sur la Orquesta Típica Fernández Fierro, un reportage de 3 mn sur Victor Hugo Morales, journaliste, conteur et commentateur sportif uruguayen d'un immense talent (1) qui vous expliquera un peu la dimension politique et culturelle du football (c'est lui qui a dit le commentaire le plus lyrique et le plus célèbre sur la Main de Dieu lors de la Coupe du Monde du Mexique en 1986), vous pourrez vivre dans les tribunes un petit quelque chose de la folie d'un match de foot, avec des supporters du Club Independiente, une des grandes équipes de Buenos Aires, sur un stade d'Avellaneda (dans la banlieue sud, populaire).
Un chapitre entier, de 10 minutes, repasse les grands traits de la situation politique et économique actuelle, telle que l'ont façonnée la Dictature militaire (dont le premier président vient d'être à nouveau condamné à la prison à perpétuité, voir mon article d'hier sur le sujet) et le gouvernement de Carlos Menem, tous les deux mis dans le même panier. Vous y entendrez un historien très clair et Estela de Carlotto, la très dynamique présidente de Abuelas de Plaza de Mayo dont je vous parle souvent dans la rubrique Justice et Droits de l'homme de ce blog (voir le raccourci dans la rubrique Quelques rubriques thématiques, dans la partie supérieure de la Colonne de droite).
Un beau diagramme, très bien fait, vous donne l'essentiel des repères chronologiques indispensables à la bonne compréhension de l'histoire argentine (voir également sur ce sujet mon article Vademecum historique, dans la rubrique Petites chronologies, dans la partie médiane de la Colonne de droite).
Le documentaire de David Gormezano revendique une certaine partialité, qui n'est pas mauvaise en soi puisqu'elle est clairement annoncée. Il me semble, pour mon humble part, qu'on ne peut pas s'exempter d'une part de subjectivité ni d'une prise de position lorsqu'on parle de l'Argentine. L'impartialité et l'objectivité sont une vue de l'esprit, elles font le lit d'un plus ou moins gros mensonge ou d'un reportage insipide et superficiel qui traiterait ce pays comme un pays exotique de pacotille. Et c'est malheureusement souvent le cas des reportages télévisuels en Europe. Raison de plus pour nous précipiter sur ce documentaire engagé, passionné et passionnant, au concept nouveau rudement bien pensé...
A voir sur le site d'Arte-TV (je vous donne ici la version francophone, mais vous pouvez cliquer sur les onglets des autres langues de la chaîne, l'allemand et l'espagnol, en haut à droite).
(1) Le groupe de presse Clarín en prend pour son grade au passage, sur sa confiscation des droits de retransmission des matchs de foot. Je publie cet article au moment où la polémique autour de ce groupe monopolistique vient encore de rebondir avec la énième astuce procédurière des enfants Noble Herrera pour éviter de se soumettre aux tests ADN qui devraient pouvoir mettre en évidence leurs liens avec telle ou telle famille de disparus en recherche de leurs petits-enfants. Sur cette affaire, voir mes articles consacrés au combat de l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo (les grands-mères de la Place de Mai).