Hier dans l'après-midi, la police fédérale et la police métropolitaine (qui est dépend, elle, exclusivement du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires) ont vidé des logements sur lesquels intervient la Fondation Madres de Plaza de Mayo sur le domaine du Parc Indoaméricain, dans le Bajo Flores, une partie du quartier de Flores au sud de la ville. L'opération avait pour origine une décision de la justice portègne, qui avait estimé que cet espace public devait retrouver son caractère public. Un peu plus tard, une partie des expulsés ont manifesté, violemment, dans le bidonville Villa 20, située dans le quartier Villa Soldati. Les manifestants ont jeté des pierres et mis le feu à plusieurs voitures confisquées par la police et stationnées, tout près de là, dans une fourrière de la police fédérale.
Une unité d'intervention a reçu mission de rétablir le calme et il y a eu des tirs d'armes à feu qui ont fait 2 morts, un jeune maçon paraguayen immigré à Buenos Aires depuis un an, et qui avait, selon les sources, 22 ou 24 ans, Bernardo Salgueiro, et une jeune femme de 28 ans, Rosemary Puña. Il y a eu aussi 50 arrestations selon Página/12. Clarín n'en annonce, quant à lui, que 12.
Lorsque Bernardo Salgueiro est arrivé au centre médical vers lequel les secours l'avait été envoyé, il était déjà mort. Rosemary Puña, quant à elle, est décédée quelques minutes après son admission dans un hôpital voisin, de Villa Lugano.
On parle aussi de deux policiers blessés au cours de l'émeute.
Une enquête va être diligentée. En effet, les deux victimes mortelles ont été atteintes par des projectiles de calibre 22. Or les armes de la Police crachent du calibre 9. Par ailleurs, on a trouvé sur les lieux des affrontements des projectiles de plomb et d'autres de caoutchouc. Or les policiers n'ont le droit de tirer que des balles de caoutchouc, en aucun cas du plomb.
Une manifestation de solidarité avec les victimes était convoquée aujourd'hui, un jour férié, à 15h30, au centre de Buenos Aires, esquina Corrientes y Callao, comme il y a 7 semaines, après les incidents de Barracas, un autre quartier du sud.
C'est en effet la deuxième fois en moins de deux mois qu'une manifestation sociale aboutit à mort d'homme sur le territoire même de la Capitale argentine. Cela s'est déjà produit en octobre, lorsqu'un jeune militant politique du Parti Ouvrier a été tué par un service d'ordre privé, employé par la société des Chemins de Fer Rocca (voir mon article du 21 octobre 2010 sur cet incident tragique). Dans cette première affaire, des arrestations et des inculpations ont eu lieu dans les jours qui ont suivi et il y a peu, la famille de la victime, reçue par Cristina Fernández de Kirchner à la Casa Rosada, s'était déclarée satisfaite de la manière dont la Justice fonctionnait dans cette affaire.
Vendredi prochain, le 10 décembre, 3ème anniversaire de sa prise de fonction de Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, Mauricio Macri, probable candidat du PRO (droite libérale) à l'élection présidentielle de 2011, devrait être entendu par la justice pour répondre des agissements d'une autre milice, qui, il y a deux à un an, attaquait nuitamment les sans-logis pour les terroriser et les obliger ainsi à quitter la ville pour trouver refuge en banlieue, donc dans la Province de Buenos Aires (voir mon article du 27 novembre 2010 sur ce procès contre Mauricio Macri)
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín